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 [Hiver 4601] Taïga sous la neige

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Eilífthar Heftharkona
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Eilífthar Heftharkona
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[Hiver 4601] Taïga sous la neige
posté le Jeu 27 Oct - 15:15


Dernière édition par Eilífthar Heftharkona le Sam 12 Nov - 17:33, édité 1 fois

À un moment spécifique, tout le monde commença à devenir extrêmement actif, comme s'ils avaient entendu une voix céleste. Chaque membre du clan se mit à sortir bien plus qu'à leur habitude et à s'affairer autour de leur tente. Quand elle s'en ouvrit à Váli qui allait justement chasser pour la troisième fois de la journée, il lui dit que l'Hiver était arrivé et que le clan allait migrer vers le Sud. Il l'incita donc à ramasser les quelques affaires qu'elle possédait et de les aider à accumuler le nécessaire pour le voyage.
Bientôt chacun était porteur d'un chargement, ainsi que le moindre renne du troupeau. Le clan dans son entier se mit alors en mouvement, ne laissant qu'un blizzard et de la neige retournée derrière eux. Ils partirent tout droit, leur chef en tête, les guidant comme un point fixe, une étoile du Nord pour les amener au Sud. Longue, très longue fut la marche. Il n'y eut aucune pause. Chacun se contentant de manger en avançant leur qu'ils avaient faim, se laissant distancer un peu lorsqu'ils avaient un besoin pressant pour ensuite les rejoindre peu après. Cette foule qui avait toujours tout fait pour éloigner les prédateurs osait avancer avec audace et sans détour, piétinant la neige de pieds assurés.
Bientôt une petite forêt fut en vue. Cependant, alors qu'ils s'approchaient, la forêt ne cessait de grandir sans donner le moindre signe d'un rapprochement significatif. Cela s'expliqua plus tard, les arbres y étaient immenses. Ils étaient si grands que Tullia dans sa forme originelle aurait pu passer sous leurs hautes frondaisons. Leur couleur rougeoyante changeait drastiquement du blanc de la neige, du gris de la pierre et du noir des arbres silencieux qu'ils avaient vu jusqu'à présent. Il s'agissait de véritables géants en face d'eux, des géants à l'ombre effrayante. Le clan s'installa juste à la lisière comme s'ils avaient peur de s'y engager entièrement, peur de ce qui pourrait s'y trouver.
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Tullia Estrama Von Raijer
Tullia Estrama Von Raijer
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Re: [Hiver 4601] Taïga sous la neige
posté le Mar 1 Nov - 15:22

Le temps passa à nouveau, jusqu'au moment de leur voyage vers le sud. J'étais étonnée de tant d'agitation, et me mis à les aider à porter fardeau, fourrure et à replier les tentes. Nous marchions, sans s'arrêter, ce qui ne me gênais guère. Il était rare que je reste oisive au campement, et bougeais fréquemment sur leur territoire. Un tel périple n'était en rien un problème.

Nous arrivions enfin au terme de notre voyage. De très grands arbres rouges, impressionnants, plus grands que moi sous ma forme dragon. Je regardais ceci avec admiration, et aidais les autres pour installer le campement. Cependant, je remarquais une certaine méfiance du clan envers la forêt. J'allais voir Vali pour m'enquérir auprès de lui, l'interpellant dans la langue du clan et sous son surnom que je lui avais gardé.


" Chasseur Bleu, mon ami, pourquoi est ce que tout le monde parait méfiant envers cette forêt ? Y a t'il un quelconque danger ? "

Je regardais la forêt, sentant une certaine tension en émaner, mais restant globalement curieuse et tentée d'explorer. Je n'avais pas cet instinct qui me poussait à avoir peur ou fuir le danger. J'étais plutôt attirée, comme un élément naturel à mon environnement. Ce qui m'avait toujours fait sentir comme singulière, même au sein de ce clan de courageuses personnes.
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Eilífthar Heftharkona
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Eilífthar Heftharkona
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Re: [Hiver 4601] Taïga sous la neige
posté le Sam 12 Nov - 19:08


Dernière édition par Eilífthar Heftharkona le Sam 19 Nov - 10:52, édité 1 fois

Alors que Váli et Köttlingur s'affairaient à la reconstitution de la yourte, Tullia vint les trouver. Elle était en effet d'une efficacité mitigée pour monter la tente étant donné qu'elle n'avait jamais eu à le faire auparavant. Elle se demandait ce qu'était cette étrange forêt. Váli eut un sourire et, après avoir demandé à son frère de continuer leur tâche, il dit à son hôte :

« Te souviens-tu la meute de loups-ours que nous avons croisé il y a quelque temps ? Elle se dirigeait vers cette forêt. Et nous y venons aussi pour exactement la même raison : les troupeaux y migrent en Hiver afin d'avoir plus de chaleur. Le reste de l'année, nous préférons nous en tenir éloignés car les animaux les plus dangereux y résident. Le clan Fjærlagur est un clan de la toundra. Enfin, si tu le désires, viens avec moi. »

Le chasseur bleu lui prit alors audacieusement la main avant de la diriger vers la forêt. Le couple fit une courte pause à l'orée. L'entrée de la taïga était tout bonnement impressionnant, c'était comme un véritable mur végétal qui s'étirait jusqu'aux cieux. Les branches épineuses couvertes de neige empêchaient de pouvoir percevoir ce qui se trouvait à l'intérieur. Avec un sourire mystérieux, Váli lui demanda :

« Es-tu prête ? »

Puis, il s'engouffra parmi les branches, les écartant pour permettre à la dragonne de le suivre. L'autre coté donnait l'impression d'avoir pénétré dans un nouveau lieu. Il s'agissait d'une étendue d'immenses troncs dressés, droit, si proches les uns des autres qu'ils brouillaient toute perception de la distance. Les hautes voûtes enneigées cachaient la lumière rosée du soleil, offrant une lumière blanche teintée d'ombres discrètes. À certains endroits, la neige n'avait pas pu traversé les frondaisons et un tapis d'épines rousses étouffait le bruit de leur pas. Cependant, ce qui troublait vraiment en ce lieu, c'était le bruit. Il ne s'agissait pas du souffle du vent comme sur la toundra mais du bruit de la vie. Les vibrations des branches. Ici, un son de plumes, un oiseau qui prend son envol. Là-bas le craquement d'une branche. Les centaines de troncs brouillaient toute visibilité et empêchaient de voir l'origine des sons. Il ne restait plus que le bruit, un son qui, bien nostalgique, indiquait à chaque fois d'éventuels dangers. Une fois une fois ce premier émoi passé, l'elfe sauvage chuchota à l'oreille de son amie :

« Viens, j'ai quelqu'un à te présenter. »

Puis, d'un pas rapide et d'une bonne humeur qu'elle ne lui avait jamais vue, Váli s'élança à travers la forêt, entraînant la main de Tullia toujours plus loin sous les frondaisons. Cette dernière aurait bien été incapable de dire où ils allaient avec tous ces troncs qui leur bloquaient la vue et les forçaient à tourner sans cesse. Même la lumière rose du soleil qui aurait pu les guider était invisible ici. Il n'y avait qu'une éternité de branches qui semblaient ne jamais vouloir s'arrêter quand soudain :

« Vawwrrrli... »

Un son étrange, comme une voix inhumaine semblait être sortie de derrière eux. Le couple se retourna et chercha l'origine de cette voix du regard, mais en vain, il ne paraissait y avoir personne. La voix de l'elfe sauvage avait même quelques échos inquiets lorsqu'il prononça, interrogateur :

« Hrímnir ?
- Yaww. »


La voix venait de tout près, pourtant aucun visage n'était en vue. Aucun visage ? Mais il y avait des vêtements bruns entourés d'écorces. Alors que leurs yeux remontaient, le bois sembla se tordre et deux trous, faisant penser à des yeux en émergèrent, tandis que le voix continuait en posant deux questions en elfiques. La voix était très tordue, déformée pour que Tullia réussisse à comprendre mais elle réussit à percevoir le mot "pierre" et celui qui voulait dire "personne". Váli souriait désormais franchement et ne semblait pas le moins du monde inquiété. C'est en commun qu'il lui répondit :

« Pas la peine de te presser Hrímnir. Attends d'avoir reconstitué ta gorge. Oui, tu as bien vu, j'ai utilisé la pierre que tu m'avais donné. La bénéficiaire est ici-même, mais cela ne lui a pas vraiment produit l'effet escompté. Son énergie n'est pas compatible. »

La forme de bois s'approcha alors, dévoilant pleinement sa silhouette tordue et courbé, laissant se balancer sa barbe végétale au rythme de son pas inégal. C'est avec une voix presque totalement humaine et sans accent (si ce n'est celui de l'âge) qu'il s'adressa alors à Tullia :

« Ah ? Tu n'apprécies pas la magie minérale ? De quelle espèce es-tu donc ? J'ai dû mal à vous différencier, vous, les êtres à sang chaud. »

La réponse lui fit hocher la tête d'un air entendu bien qu'il ne semble ne pas vraiment avoir compris, enfin, pour le peu qui était lisible sur son visage d'écorce. Après un regard plus appuyé et long sur Tullia, il détourna la tête vers Váli pour demander sur le ton de la conversation :

« Dis-moi, mon ami. C'est de nouveau l'hiver ? Je n'ai pas vu l'année passé. puis, d'une voix peut-être un peu timide : Est-ce que la Sorcière noire est venue avec toi ? Ça… ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu. »
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Tullia Estrama Von Raijer
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Re: [Hiver 4601] Taïga sous la neige
posté le Sam 12 Nov - 22:01

Vali me répondit, se libérant au passage pour m'expliquer tout. Je regardais la forêt en même temps, écoutant avec attention. Quand il mentionnia des animaux plus dangereux, je ne pus m'empêcher de sourire légèrement et de répondre avec une certaine allégresse.

" Ho, Vraiment ? "

Mon instinct revenait au galop. Je ne pouvais envisager le danger que comme un divertissement, une poussée d'adrénaline et quelque chose qui m'attirait. Pourquoi ? C'était sans doute mon expérience, ma vie passée qui avait déformé ma vision des choses, comment je ressentais mon environnement. Enfin, si Vali apprenait où se tournaient mes pensés, il serait le premier à me disputer. Mais cette forêt semblait elle aussi l'intéresser. Et je n'allais pas tarder à le savoir. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, il me fit la proposition de le suivre. Je le regardais avec un léger étonnement. Moi qui el croyait le premier à mettre la sécurité avant toute chose. Mais je ne pouvais lui répondre par la négative, et c'est en souriant et en le regardant avec malice que je lui répondis.

" Je le suis toujours."

Avec beaucoup de surprise, il me prit la main. C'était quelque chose que, malgré notre dernier rapprochement, était tout à fait nouveau. Avec lui, je restais toujours indécise sur la manière d'interpréter ses actions. Par moment il était furieux, pour d'autres il était tendre, et quand j'utilisais de la magie de l'eau je sentais qu'il désapprouvait de tout son être. Et pourtant, il acceptait le fait que je pouvais me changer en énorme dragon.
Mais cette fois ci, il était dans ses on jours. Je le suivais avec plaisir, très curieuse de savoir ce qui se cachait derrière cette grande muraille blanche de branches et de neige. Une fois le mur passé, la vue était grandiose. Et surtout, le bruit des animaux. Ces sons me firent un choc. Pas quelque chose de négatif, mais au contraire... un soulagement. Je me sentais revivre de ne plus entendre que le bruit du vent. Entendre les animaux, des êtres vivants. Je me surpris à prendre une profonde inspiration, et expirer de soulagement. Comme si j'avais été en apnée pendant tout le temps où j'avais été dans les plaines de neige.

Mais l'émoi ne s'arrêta pas là. Vali me chuchota quelques mots à l'oreille. Tiens, nous allons rencontrer quelqu'un ? Je me demandais qui cela pouvait bien être. Je le suivis, courant presque derrière lui. Il me tenait toujours la main, sa peau fraiche et bleutée contre la mienne. Je suivais, me laissant guider par ce beau et tendre elfe des glaces. Mais soudain, un bruit. Nous nous arrêtions, aux aguets. Qu'étais ce bruit ? Vali appela, et une chose fit son apparition. Je dis chose, car même si l'allure était humanoïde, toute son apparence et son aura n'étaient pas du vivant. Enfin, de l'animal pour être plus précis. C'était un être végétal, qui semblait paisible et vint vers nous. Vali le connaissait bien apparemment, et se mit à lui parler avec tranquillité. J'observais Vali, qui se mit à sourire avec franchise, preuve qu'il était en confiance avec cet être. Dans sa conversation, il fit mention de moi, et du fiasco de quand il avait voulu m'aider à notre rencontre. La chose s'adressa à moi, et c'est en souriant que je lui répondis avec amabilité.


" Je suis une Enfant de l'Eau, et Haut Dragon qui plus est. La Terre et les Minéraux, c'est pas vraiment mon truc."

La conversation tourna ensuite vers un autre sujet, à savoir Valhildur. Je fronçais légèrement les sourcils, voulant en savoir plus en toute innocence.

" Ho, vous ne l'aimez pas ? "

Je posais véritablement la question par curiosité pure, qu'il l'apprécie ou non ne me dérangeant aucunement. C'était son affaire, pas la mienne. Mais connaitre les relations des autres m'intéressait beaucoup. Car le savoir, c'est le pouvoir.
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Eilífthar Heftharkona
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Re: [Hiver 4601] Taïga sous la neige
posté le Dim 27 Nov - 19:59

La soudaine question de Tullia sembla décontenancer quelque peu l'être d'écorce. Il la regarda un moment avec ses orbites vides puis sembla hasarder un réponse tandis que Váli détournait les yeux avec délicatesse. Sa voix était lente et grave :

« Non. Ce n'est pas que je ne l'aime pas. Je connais la sorcière noire depuis bien plus longtemps que quiconque. Je l'ai rencontré alors qu'elle était égarée et cherchait à endroit où avoir sa place. Elle avait alors le poids des remord et de son destin ancré dans l'âme. Elle n'espérait déjà plus un avenir heureux. Et malheureusement, j'ai dû la chasser de ma forêt. Sa présence n'était plus tolérer par la forêt. Les arbres avaient cessé de fleurir au printemps. Je l'ai alors vu repartir dans la neige, seule, isolée. C'était il y a très longtemps, alors que le souvenir des ténèbres néfastes qui erraient au travers de la toundra n'avait pas encore été effacé des derniers vieillards du nord. Mon geste fut triste alors, mais j'ai fait ce que je devais faire. Ma forêt se dresse toujours et se dressera encore des millénaires ; de même, elle est vivante. »

Sa voix s'acheva sur le même ton monocorde avec lequel il avait énoncé cette histoire. Se retournant avant qu'on ne puisse lui poser d'autre question, il s'avança vers un espace entre les arbres. Alors, ne tournant vers ses deux visiteurs qu'un orbite noir, il les enjoint :

« Venez, je vous raccompagne. »

Son pas lent les précéda alors, tandis que Váli le suivait, docile, invitant son invitée à lui à rester près de lui :

« Nous ne devrions pas contredire les paroles de notre hôte. »

Côte à côte, tandis qu'il marchait en suivant l'allure léthargique de leur guide, et sans même faire attention à être entendu de ce dernier, le chasseur bleu l'interrogea sur ses impressions à elle :

« Alors que penses-tu de cette étrange rencontre ? Hrímnir est unique, non ? Tu vas bientôt remarquer pourquoi nous avons quitté le lieu où nous étions. »

Ce n'est que quelques instants plus tard, alors que son interlocutrice lui répondait, que le chef du clan s'osa à l'arrêter :

« Shht. Ecoute derrière toi. »

Derrière eux, en effet, quelques étranges cris animaux se mirent progressivement à se faire entendre. Lui le avait entendu plus tôt grâce à son ouïe elfique. Cependant, pour ne pas qu'elle s'arrête, il prit la main de Tullia dans la sienne. Les jappements avaient commencé à se démultiplier. Les hurlements bestiaux étaient maintenant si nombreux qu'on aurait aisément cru à une armée en route. Devant eux, sans arrêter sa démarche inerte, Hrímnir tourna un orbite vide. Le couple, s'osant à regarder derrière eux ne virent cependant rien, à cause des trop nombreux arbres qui empêchaient toute visibilité. Cependant, mêlés aux cris, d'étranges grincements se firent entendre dans le lointain. Bientôt tout redevint silencieux. Le sylvain inhumain avait déjà retourné la tête vers la route qu'il prenait. Il ne prononça qu'une phrase comme explication :

« Vous êtes mes invités. »

Immédiatement après, un léger rire de Váli ponctua la phrase. Il affichait désormais un léger sourire, comme déchargé de tous les poids qui avait jamais pu appuyer sur son cœur.

« Unique, je t'avais dit ! »

Devant eux, la lumière rougeoyante avait subitement surgi entre les arbres. Elle les aveuglait désormais, venant tout droit du Nord, face à eux, comme un éternel soleil levant, illuminant de flots vermillons la neige qui avait formé une couche épaisse sur le camp en contrebas, devant eux. L'elfe sauvage, du grand nord, tourna alors son visage vers elle. Le sourire qui s'y était dessiné auparavant s'y trouvait encore, coloré par la lumière orangée. Sa main, si elle ne l'avait pas dégagée, était toujours serrée contre celle de Tullia. C'est avec ce visage, simplement heureux que, tandis que l'habitant de la forêt descendait vers le camp, son chasseur bleu lui demanda de son sourire :

« Ai-je satisfait ta curiosité ? »
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Tullia Estrama Von Raijer
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Re: [Hiver 4601] Taïga sous la neige
posté le Sam 10 Déc - 21:56

L'être végétal me regarda avec surprise, et finit par me répondre. L'avais je vexé ? Je ne voyais pas en quoi ma question pouvait être mal vue en fait. Mais il ne sembla pas me tenir rigueur de l'insulte qui semblait avoir subit. Il nous fit signe de le suivre, et c'est ce que nous fîmes. Au passage, Vali me fit par de son inquiétude sur mes paroles. Je le rassurais, souriant légèrement et avec innocence.

" Cela ne me serait pas venue à l'esprit. C'est un Gardien, il fait ce qu'il doit faire."

Mais cette douce mise en garde n'était que momentanée car aussitôt après, et avec une certaine excitation candide, il me demande mon avis sur cet être. Je lui souriais un peu plus, comprenant son excitation et la partageant presque.

" Oui, c'est un être intéressant. J'en ai entendu parlé par le passé mais jamais rencontré encore. Un végétal à un tel niveau de conscience et de communication, c'est fascinant."

Enfin, quand je parlai d'entendre parlé, c'était bien entendu sur un autre monde. Ils avaient de multiples noms, comme les Ent, les Sylvains, les Ariskiis... Beaucoup de légendes sur ces êtres placides, discrets mais puissants avaient été entendues. Mais je n'en avais jamais vu de mes propres yeux. Comme je m'y attendais, je n'arrivais pas à me connecter instinctivement avec cette grande plante qui marche. Aussi, difficile de pouvoir prédire ses humeurs et ses réactions. En revanche, tout autour de nous... Depuis notre entrée dans cette forêt, j'étais aux aguets. Je pouvais sentir autour cette vie animale, ses instincts et ses envies. Certains n'étaient qu'intrigués, d'autres apeurés. Mais d'autres... plus agressifs. Mon sang commençait à bouillir, mes nerfs à fleur de peau. Une excitation animale qui me rendait aussi sensible et tendue qu'un arc. Je ne disais rien, mais peut être que Vali devait sentir dans mon regard que j'étais un peu ailleurs.

Mais soudain, il me dit de rester immobile et de me taire. Mais ce n'était pas la peine de me le dire. Car déjà, les cris des animaux se répercutaient dans toute la forêt. Mon sang ne fit qu'un tour, et je m'immobilisais comme une statue. Non pas de peur, mais d'excitation et de l'attente d'un prédateur pour bondir sur sa proie. Être à une contre de nombreuses personnes, c'était mon lot quotidien pendant plus de 2000 ans. Et on ne se refait pas. Je n'avais pas peur, loin de là. Mais quelque chose se passa dans la forêt. Les branches et les arbres se mirent à grincer, imposant de nouveau le silence dans les bois. Ces bruits, étrangement, me firent aussi une sueur froide. C'est comme si un géant endormis, pouvant faire chavirer la terre et le ciel, se mettait simplement à frémir. Ceci était l'oeuvre de notre guide, car il annonça, comme pour appuyer ce qu'il venait de se passer, que nous n'avions rien à craindre en ces lieux. Cela fit rire Vali, mais moi je n'étais pas plus à l'aise. Plus calmée à présent, certes, mais je considérais cet être végétal comme un véritable défi, et quelque chose que je devrais éviter de courroucer.

Vali renchéri sur le fait que son ami était unique. Je souriais simplement en réponse à Vali, le suivant de nouveau tout en lui jetant un regard amusé. J'étais intriguée par la manière dont, soudainement, Vali se montrait sous un jour très aimable, détendu. Il n'était pas comme ça quand nous étions avec le clan. Peut être que les nombreux regards ne devaient pas l'aider, et qu'il sentait le poids de sa responsabilité. Ici, il semblait... respirer, être plus lui-même et oublier sa charge de chef de clan. Nous revenions vers le camps, le paysage rougeoyant devenant magnifique. Mais à mesure que nous nous éloignions de la forêt, je sentais une part de moi rester derrière, et cet appel irrésistible et sauvage me tirer vers elle. Vali lui était heureux, et finit par me demander d'un regard plein de joie s'il avait satisfait à ma curiosité. Je lui souriais de nouveau, le regardant avec tendresse. Mais mon esprit était toujours ailleurs, et quelque peu tourmenté.


" Oui.... mais pour l'instant. Tu sais à présent que ma curiosité est insatiable, je ne saurais malheureusement rester en place et ne pas aller dans la forêt."

Je jetais un autre regard sur la forêt, mais un regard quelque peu triste. Je connaissais ma nature, et je savais qu'ils n'étaient pas d'accord avec le fait que j'étais... souvent à vagabonder dehors. Mais je ne pourrais résister à cet appel, qui me faisait si facilement oublier. C'était un échappatoire, qui était facile et le seul à ma disposition. J'essayais de lui faire comprendre ma mélancolie et mon inquiétude.

" C'est ... étrange à expliquer. Ces lieux m'appelle, comme un désir irrésistible qui fait bouillir mon sang et me fait marcher sans que je m'en rende compte. Il me fait... oublier ce que je suis et que je n'aime pas."

Je soupirais, me tournant beaucoup plus vers lui et lui serrant les mains avec plus de force. Une pression douce, comme pour le supplier de comprendre et de ne pas prendre mal les choses.

"Je ne veux pas manquer de respect ni à vos coutûmes ni à notre hôte. Mais j'espère que tu comprends qu'avec ma nature, je ne peux que vouloir aller dans cette forêt. Pour l'instant, rien ne peut vraiment me retenir ni faire barrière."

C'était un fait. Seul ce retour à la nature, mon entrainement pouvaient me garder sur la bonne voie, et me faire oublier que j'étais un monstre. Du moins, me faisait oublier ce qui pouvait arriver de monstrueux dans le futur. Après, je n'avais encore jamais raconté à Vali qui j'étais, ce que j'avais fait. Pourquoi j'étais un danger public. J'avais peur de lui dire, et qu'il ait peur et me rejète totalement. Je lui faisais un peu plus confiance, vu qu'il ne m'avait pas rejeté après avoir vu ma forme haut dragon. Mais tout lui raconter... C'est une autre étape pour laquelle je n'étais pas encore prête. Cependant... Je pouvais le rassurer sur une chose. Je lui souriais légèrement, pour lui dire mes intentions.

" Mais n'ait crainte, jamais je ne mettrais en danger le clan. Et si c'est le cas... il te faudra prendre la bonne décision, en tant que chef de clan. Et je partirais. J'ai l'habitude d'être seule, il ne faudra pas t'en faire."

Je le regardais avec douceur, lui confirmant qu'il ne devait pas avoir peur pour moi. D'ailleurs, je m'étonne toujours du fait qu'il s'inquiète de mon sort, en sachant ce que je suis capable de faire. En tout cas, il me prenait toujours sous son aile, que cela me plaise ou non.

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Eilífthar Heftharkona
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Re: [Hiver 4601] Taïga sous la neige
posté le Mar 3 Jan - 12:53


Dernière édition par Eilífthar Heftharkona le Jeu 2 Fév - 13:26, édité 1 fois

Quelque chose sembla retenir Tullia, comme une pensée ou un désir inassouvi. Elle regardait vers la forêt avec un air étrange. Sa voix semblait attristée par ses propres paroles lorsqu'elle révéla doucement le mal qui la rongeait. C'est un mal humain, la curiosité. Váli n'avait jamais ressenti cette envie ; il ne pouvait pas la comprendre. Pourtant son regard resta pensif et le sourire fragile ne chuta pas. Tullia tentait désespérément de faire comprendre à un être en tout point différent d'elle ce qu'elle était vraiment, ses passions, sa nature, ce qu'elle ne voulait pas. La forêt semblait parfaitement silencieuse, impénétrable, depuis l'extérieur, là où un vent portait les éclats rouges du sempiternel crépuscule. La dragonne était presque suppliante. Elle le suppliait de comprendre. Elle voulait s'enfuir. Le chasseur bleu regardait la neige, rose, colorée de cramoisi par le soleil mourant. Son expression était indéchiffrable. Il semblait chercher des mots. Tullia continuait de lui parler en le regardant. Il la regarda à son tour tant que celle-ci parlait du clan. Pour mettre un terme à ces prières, à ces excuses, il ne dit que quelques mots :

« Je sais. »

Les deux syllabes restèrent un moment en suspension en l'air alors que tous deux tentaient d'en comprendre la signification. Cependant, avant que celle qui fut étrangère ne put reprendre la parole, il continua, approfondissant ses mots de façon maladroite :

« Tu sais, nous avons des membres, ceux qui sont appelés "animae" dans ta langue et que nous appelons ici sálar et lífverur. Je t'en ai déjà parlé il y a longtemps, je crois. Il y a un moyen qui unit le sál au lífvera avec de rendre de l’énergie au  lífvera : le rituel. Chaque sál a un rituel différent : mon frère doit profiter de la chaleur corporel de quelqu'un d'autre ; la sorcière noire doit aspirer l’énergie d'un être vivant. Tu vois, j'ai toujours considérer cette envie d'aller dans un territoire sauvage comme ton rituel à toi. Cela t'est nécessaire ; sans cela, tu dépéris. Cependant, le rituel d'un sál finit souvent par une malédiction pour le lífvera : mon frère est complètement isolé ; quant au malheur de la sorcière noire… je ne veux simplement pas qu'il t'arrive de mal. »

Váli s'arrêta de parler, comme si sa phrase était morte au bord de ses lèvres. Ses yeux clairs, plus que le ciel, étaient fichés dans ceux de Tullia. Il eut alors un grande respiration, ce qui ne lui était pas habituel, qui laissa échapper un large nuage de buée. Les nuages glissaient paresseusement à l'horizon, obscurcissant à nouveau les rayons du soleil et faisant paraître la neige pâle. Il avait mis les mains sur ses épaules. Le chasseur bleu dégagea alors les mots qui semblaient être fichés dans sa gorge depuis le début, ceux qui avait jusqu'à maintenant miné son expression :

« Je tiens à toi. Je tiens plus à toi que j'ai le sentiment de le devoir. Je ne veux pas qu'il t'arrive de mal. Je ne veux pas que tu dusses quitter le clan. Je ne veux pas que tu te sentes seule. Je veux ranimer le sourire sur tes lèvres. Je voudrais te lier. Je veux toutes sortes de chose que je n'ai pas été habitué à éprouver... »

L'habitant du nord dégagea alors ses mains des épaules de Tullia. Il lui semblait avoir serré plus qu'il n'aurait dû. Il était encore un peu embarrassé par les paroles qu'il venait de dire. Glissant son regard vers le camp, il tentait de récupérer une contenance qu'il n'était pas habitué à perdre. Il ne savait pas vraiment si sa déclaration avait été une bonne idée mais elle avait semblé dire qu'elle voulait partir et il était prêt à tout pour empêcher qu'elle parte.
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Re: [Hiver 4601] Taïga sous la neige
posté le Mer 4 Jan - 22:00

Mes paroles furent coupée rapidement, par des mots courts et fendant l'air. Ce ton me semblait plus glacial et mordant que le vent. Je sentis mon coeur et mes entrailles se serrer. Je devais m'attendre à ne pas espérer grand chose, et pourtant pourquoi je sentais ma gorge se serrer, la déception me faire frissonner et me rendre plus lasse ? Et pourtant... je ne devais pas le rendre coupable. Mais il ne laissa pas ma mélancolie seule.
Car, avec assez d'étonnement de ma part, il se mit à parler. Il parla beaucoup, mais surtout avec une voix et une contenance qui ne lui étaient pas familières. Je le regardais avec une légère surprise, mais restais attentive et suspendues à ses lèvres. Allait il encore plus clairement me rejeter ?

Non. Il tentait au contraire de comparer mon comportement à ceux qu'il connaissait. Ceux qu'il appelait Animae. Il parlait d'un rituel accompagné d'une malédiction, et que mon attirance pour le monde sauvage et solitaire était mon rituel. Quant à ma malédiction... Je vis dans son regard que ces paroles n'étaient pas faciles pour lui. Ses mots étaient pourtant très touchant, rassurant. Je le voyais se comporter de manière inhabituelle, et je l'observais avec attention. Je croyais, au travers de son regard un peu perdu, de ses lèvres serrées, de ses mots n'ayant pas leur contenance habituelle... je croyais entrevoir quelque chose.

Et ce n'était pas fini. Là, ses yeux intenses plantés dans les miens, il semblait venir à une décision. Il se rapprocha de moi et me mit les mains sur les épaules, comme pour m'empêcher de m'enfuir. Et il parla. Pendant tout son discours, je le regardais avec de grands yeux, sentant toute la tension qu'il ressentait au travers de ses mains voulant m'enfoncer dans le sol. Je rougissais, ne sachant comment réagir ou prendre ces aveux. Pour le commun des mortels, ce n'étaient sans doute pas une confession des plus franche et directe. Mais depuis que je connaissais Vali, c'était bien la première fois qu'il se dévoilait sous son jour le plus sensible et vulnérable. Le rouge de mes joues devait se voir un peu, malgré le froid ambiant. Je me sentais mal à l'aise, ayant envie de m'enfuir en effet, ou de me cacher. Mais quand il eut sa tendre tirade, il semblait bien que Vali était celui qui aurait voulu se cacher. Il enleva ses mains de mes épaules, qui heureusement furent assez solides. Un silence s'installa. Mais il n'était une mauvaise chose. Cela me laissa le temps de bien réaliser ce qu'il avait dit. Je me sentais rougir plus que de raison, comme une adolescente, mais je sentais une satisfaction et un plaisir immense. Autant d'attention de sa part, je ne pouvais qu'être flattée et attendrie. Serrant les lèvres, retenant un sourire qui aurait put être éclatant, je répondis d'une voix émue.


"Tant de mal... m'est déjà arrivé par le passé. L'avenir, n'est qu'un grand flou pour moi..."

Je le regardais, ce grand elfe bleu, tout gêné et sûrement aussi secoué par ses propres paroles. Je me rapprochais, souriant et le regardant avec une grande tendresse. Il avait été franc et avait osé. Je devais lui faire honneur et répondre avec autant de franchise.

" Ce que tu dis Vali, me réchauffe le coeur. Je ne m'attendais pas à avoir ce genre de confession dans les landes de glace..."

Je me moquais un peu de lui, j'étais obligée. Cette malice heureuse m'était caractéristique. Mais ce n'était pas méchant, bien au contraire. Je me postais à côté de lui, regardant le camp à mon tour. Pensivement, j'avouais ce qui me faisait peur, et la vrai raison de ma course vers les landes. C'était étrange de le dire à voix haute. C'était la première fois que j'osais le dire ainsi, et surtout à une autre personne.

" Je vais être franche. Ce qui me pousse vers la forêt, c'est la peur que j'ai d'être rejetée et de faire du mal. C'est ce que j'ai trop souvent vécu, par le passé. Mais si... ici on me donne ma chance..."

Oui, il y avait peut être espoir. L'espoir que je change, et que cette peur cesse. Je me tournais vers lui, lui prenant avec douceur ses grandes mains dans les miennes. Je le regardais avec tendresse, presque amour, et souriais avec douceur. Je pressais ses doigts entre les miens, comme cherchant un support à ce que j'allais dire.

" Pour me faire sourire et me faire rester, il faut que je me sente acceptée, soutenue... appréciée et aimée. C'est ce qu'il me faut pour rester quelque part. Mais jusqu'à présent, ma nature et mon passé m'ont mis des barrières."

Mon regard descendit vers ses mains, comme pour éviter un instant ses yeux perçants. Il faut dire... que ce que j'avais envie de faire, ce que j'allais dire et faire, devait me demander un peu de courage. Je relevais mon regard enfin vers lui, plus brillant d'espoir, mais aussi de doute et d'hésitation. Doucement, alors que je parlais, je pris une de ses mains pour la placer contre ma joue, la laissant aller contre ma peau réchauffée par l'émotion.

" Sans ce soutien et cette acceptation, je finirais par partir. Et l'on n'y pourra rien. Mais si... ce que tu désires est assez fort pour me rassurer et me retenir, alors... qui sait ~...."

Je fermais un instant les yeux, appréciant ce toucher doux, d'une tendresse que j'avais rarement connu. Certes, c'était moi qui l'avait pris, ce n'était pas de son fait. Mais j'en avais besoin, au moins en cet instant. Je ne le connaissais pas tactile, aussi j'avais pris la liberté de prendre les devants. Comment il allait réagir, ça je n'en savais rien, mais je profitais du moment de grâce.
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Eilífthar Heftharkona
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Re: [Hiver 4601] Taïga sous la neige
posté le Dim 22 Jan - 14:45

La dragonne semblait aussi touché de ses paroles qu'il l'avait été lui-même en entendant son vœu secret prend forme à travers ses lèvres. Rougissant, émue, elle se mit d'elle à se révéler autant que le chasseur bleu l'avait fait avant elle. Elle confessa ses craintes qui était ce qui la retenait en forêt, loin du clan pour qui elle craignait. Il s'agissait bien là d'actes dignes du nord, des agissements qu'on aurait pu croire venir d'elfes sauvages, là où les infirmes préféraient se sacrifier à la Nature plutôt que d'être des fardeaux. Tullia ne rêvait peut-être finalement que d'une place, d'un lieu où l'on puisse l'accueillir. Elle livrait la clef de son cœur, le moyen pour qu'elle reste auprès de lui : l'amour. Leurs regards se retrouvèrent et se lièrent comme dans une alchimie mystique et présente depuis toujours. La main innocente su barbare du nord, guidée par les mains de cette étrangère, se colla finalement à sa joue pour que ses doigts l'y caressent. Et, alors que sa voix s'étouffait dans un espoir final, que ses yeux se fermaient lentement, le cou de l'elfe se rapprocha et lia leurs lèvres dans un baiser. Celui-ci fut d'abord doux et léger, comme la caresse de la neige sur les écailles d'un dragon, avant de s'amplifier, de devenir vigoureux, puissant sauvage. Au bout d'un long moment leurs visages se séparèrent et, tandis que Váli regardait celui de son aimé, lui prenant la main, il écarta le rempart des arbres, pour s'enfoncer avec elle de quelques pas dans la forêt. À peine quelques pas plus loin, il jeta son lourd manteau de fourrure sur le matelas léger des épines rouges accumulées depuis des décennies. Reprenant Tullia dans ses bras, il se laissa glisser avec elle sur ce souple lit de fortune...

* * *

Alors que l'HIver s'était profondément installé, un événement vint surprendre Tullia dans ses activités quotidienne. Plus précisément, il s'agissait de la visite d'une personne qu'elle avait croisé de nombreuses semaines auparavant mais qu'elle avait perdu de vue. Les deux orbites vides de Hrímnir pointèrent à travers l'ouverture de la tente. Comme d'habitude, il était difficile de lire ses expressions sur ce visages noueux et imparfaitement reconstitué. Il semblait cela-dit avoir déjà l'air un peu plus humain qu'auparavant, enfin à peine. Son écorce souple « tait surtout beaucoup plus grise, un gris qui rappelait presque la pierre, ou la mort. Sa voix grave et lente, presque rocailleuse, n'atténua pas le moins du monde cette impression :

« Je suis venu te chercher. La sorcière noire a évoqué ton don pour une magie étrange, basée sur l'eau et l'énergie des fluides. Je souhaiterais avoir l'occasion de l'observer moi-même, à des fins de recherches. Je vais patienté le temps que tu sois disponible. »

L'homme-plante restera alors immobile, debout devant l'entrée de la tente, sans donner signe de vouloir bouger, comme s'il allait prendre racine, chose qui aurait été très paradoxal pour un sylvain.
  • Tu as accepté Váli :
    Sentant sa perplexité, le chasseur bleu jeta un regard dévoué à celle qui partageait désormais ses jours, en quelque sorte. Attentionné et ne voulant pas qu'elle soit contrainte à quoi que ce soit, il lui demanda alors gentiment :

    « Souhaites-tu que je t'accompagne aussi ? Je connais Hrímnir depuis longtemps ; il est inoffensif mais je sais que de nombreuses personnes ont du mal avec lui à cause de son apparence froide et incompréhensible. »

    Sans tout-à-fait attendre sa réponse, il se releva pour aider sa belle à se relever.


  • Tu as rejeté Váli :
    La seule autre personne dans la tente, Köttlingur, eut un instant l'air paniqué et s'éloigna précipitamment de la porte comme si celle-ci était soudainement devenu la porte du mal. Il lança à Tullia un regard qui équivalait presque à une supplique de protection, avant de se reprendre et d'exprimer dans une voix qu'il n'arrivait pas tout à fait à rendre neutre :

    « Je crois qu'il t'attend ; tu devrais peut-être y aller. »


[HRP : Vu que la scène était vraiment dans l'action, je pouvais difficilement continuer sur la première scène sans avoir l'avis de ton personnage. J'ai alors préféré passé à un second tableau. Tu peux continuer à répondre sur le premier. On fera évoluer les deux tableaux en parallèle jusqu'à ce que soit bon.]
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Tullia Estrama Von Raijer
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Re: [Hiver 4601] Taïga sous la neige
posté le Jeu 23 Fév - 16:29


La réponse de Vali était ce que j'espérais, et plus encore. Son doux baiser rassurant me rendit heureuse et confirma l'espoir que j'avais. Mais l'étreinte passionnée qui suivit, là par contre c'était une véritable surprise. Je ne savais pas qu'il se cachait sous cet elfe quelque peu distant et relativement timide un tel feu et une telle passion. Il avait rallumé la flamme du désir en moi, et c'était avec plaisir et volupté que je m'étais offerte à lui. Me laissant entrainer, je me rendis compte que cette étreinte charnelle était quelque chose dont j'avais besoin, un contact nécessaire et qui m'enlevait beaucoup de tension.
C'était donc détendue et singulièrement heureuse que je me retrouvais allongée à côté de mon Chasseur Bleu, enlacée et me sentant en sécurité. Je ne pouvais m'empêcher de sourire, et de le regarder avec tendresse. La forêt était calme, silencieuse, il ne semblait plus y avoir que nous deux en ce monde. Pour la première fois depuis longtemps, je me sentais déconnectée du danger extérieur. Je n'étais plus aux aguets, en alerte permanente d'un ennemi ou d'un prédateur. C'était une conséquence bien étrange de cette relation. Même quand j'avais été avec d'autres partenaires, très rarement je m'étais retrouvée dans cet état de grâce. Mes pensés divaguaient ainsi, et je ne pus m'empêcher de faire une petite réflexion à voix haute, riant légèrement.


" Et bien, c'était... inattendu."

Je l'embrassais à nouveau avec douceur, le caressant et le serrant plus contre moi. J'étais heureuse, mais... ma conscience me rappela bien une chose qui me donna des sueurs froides. Maintenant que j'y pensais, à part le fait qu'il sache que je suis un haut dragon et qe je maitrise l'eau, il ne sait rien de moi. Du moins, rien de mon passé et de mon statut. Je n'aimais pas lui mentir ainsi, et l'idée même de devoir le mettre potentiellement en danger sans qu'il le sache me donnait froid dans le dos. Il m'acceptait telle que j'étais, mais je ne pouvais le laisser dans l'ignorance. Pas avec toutes les conséquences qu'il peut y avoir. Sur ce monde, j'avais autant d'ennemis que d'alliés cachés. Si l'on découvrait que j'étais dans ce monde, les conséquences pourraient être désastreuses. Bref, j'étais en plein débat intérieur, et mon air heureux prit rapidement une autre tournure. La responsabilité que j'avais était grande, et ma conscience ne me permettait pas de rester silencieuse. Aussi, je me mis de nouveau à parler, sur un ton quelque peu sérieux, mais hésitant aussi.

"Il y a cependant encore une chose qu'il faut que tu saches, avant que nous puission vraiment lancer notre.... relation. C'est... difficile à dire pour moi, mais c'est important que tu en ais connaissance."

Ma mine était plus préoccupée, et je réfléchissais à comment tourner la chose. Il devait se dire que je compliquais bien les choses, mais c'était quelque chose d'important pour moi, et de crucial. Car rien ne peut se faire sans un maximum d'honnêteté. Aussi, après avoir choisis mes mots, je finis par lui expliquer ce que j'attendais de lui.

" Il faut que tu ailles voir la Sorcière Noire, et que tu lui demandes de te raconter ce que je suis réellement, et mon passé. Elle a tout vu, et est la meilleure placée pour en parler. Si c'était moi... C'est trop... compliqué, trop de choses se cumulent et se chevauchent dans mon esprit pour en faire un récit clair."

Le raconter par moi même n'était pas possible. Plusieurs fois j'avais essayé, avec d'autres personnes, mais le résultat était catastrophique. Je me perdais dans des souvenirs, des émotions diverses et trop variées. En général, je leur remettais mon exemplaire écrit de mon carnet de voyage. J'y relatais depuis bien longtemps toutes mes pensés, les faits, mais uniquement ce dont j'avais participé. Hélas, mes pouvoirs ne me permettaient plus à présent d'invoquer les nombreux tomes de ces souvenirs. Mais quittes à ce que ce soit raconté, autant que cela soit fait par une personne extérieure. Et Valhildur était parfaite dans ce rôle, surtout que je la savais capable de discerner les émotions des faits, et de garder un oeil relativement subjectif sur ce qu'elle a vu.
J'essayais de convaincre par avance Vali en quoi il était essentiel qu'il connaisse mon passé. Pour l'instant il ne devait pas avoir conscience de ce que cela représentait, mais j'étais certaine qu'une fois qu'il saura, il comprendra pourquoi il devait savoir.


"Ce n'est peut être pas quelque chose d'important pour toi, mais cela l'est pour moi. De ce que je suis, du monde où nous sommes, il y a beaucoup de conséquences et de chemins  dont il faut prendre connaissance. Des choses... dangereuses qui pourraient arriver. Et il serait malhonnête et vil de ma part de te cacher cela. Si ce monde ne comportait personne de la Triade, aucun Haut Dragon, Ange ou Archidémon.... alors peut être aurais je pus laisser sous silence mon passé. Mais ce n'est pas le cas, et il faut que tu saches avant que tu ne fasses vraiment ton choix. C'est ... C'est important. Pour toi, pour moi, mais aussi pour le clan."

J'espérais avoir ainsi été assez convaincante. Mais le point négatif de cet aveu, c'était que je n'étais plus du tout dans un état de quiétude et d'extase. A présent préoccupée, je revenais à un comportement de chasse et d'inquiétude. N'ayant plus envie de rester ainsi allongée en plein milieux de la forêt, le charme du moment ayant été rompu par mes soins, je me relevais, et remettais sur mon dos ma cape de fourrure, alors que Cerillion reprenait sa place sur mon corps, comme l'armure qu'elle a toujours été. Je souriais légèrement à Vali, lui faisant signe de me rejoindre.

"Allons y."

Je jetais un dernier coup d'oeil à la forêt, pensive et me demandant ce qui allait se passer. Mais soudain, une autre pensé fit son apparition dans ma tête. Totalement à l'opposé du discours que je venais de prononcer, c'était quelque chose d'ordre pratique et social. Je me tournais vers lui, lui posant la question alors que je marchais vers le campement.

" Ho, et ça ne va... pas poser de problème pour le clan ? Je veux dire, pour nous deux et... le fait que je suis ni une elfe, ni une animae, que tu es le chef du clan. Je dois m'attendre à des représailles ? "

C'était un point à ne pas négliger non plus. Et si je devais m'attendre à devoir me creuser ma propre place et m'affirmer sur mon nouveau statut, alors je devais me préparer. Et en y repensant, je ne connaissais pas du tout les coutûmes concernant le concubinage dans le clan. Je me demande bien comment cela va se passer...


- - - - - - -

Le réveil n'avait pas été des plus doux ce matin. Allongée à côté de mon amant, entendre la voix de Hrímnir dans la tente pour me demander expréssément de venir participer à des expériences ne m'enchantait guère. Il y eut droit pour première réponse de ma part un grognement de lassitude et de mauvaise volonté. Mais je me résignais, sachant qu'il n'allait sûrement pas lâcher l'affaire. Je poussais un soupire de capitulation, et finis par acceper mon sort.

" Mhhh.... Je n'aime pas vraiment être un rat de laboratoire, mais soit."

J'étais une curiosité par ma magie dans le coin, et je savais que j'interpellais de nombreuses personnes. Cependant, je faisais bien attention de ne l'utiliser qu'en dehors du campement, et de préférence quand il n'y a personne autour. Ainsi, l'empreinte magique était réduite au minimum dans l'environnement, et j'avais moins de chance de me faire repérer par d'autres membres de la Triade. Et cela faisait aussi moins peur aux gens du clan. Vali avait vu ma mauvaise volonté, et semblait vouloir me rassurer. Je lui souriais, lui répondant avec franchise et tentant de le rassurer.

" Ho, je ne m'inquiètes pas de cela, je ne crains pas Hrímnir sur ses intentions. Je suis juste... sceptique sur ce qu'il va me demander de faire."

J'étais sceptique, mais surtout pas très enchantée d'être enlevée aux bras de mon Chasseur Bleu. Il s'était relevé et m'aidait à faire de même, chose que je ne me fis pas prier de faire. Maintenant, j'étais plus à l'aise dans ma relation avec lui. Plus naturelle, spontannée et surtout de plus en plus dans cette relation de partenaire, de support de tous les instants. Il était mon égal, et je l'aidais autant que je pouvais, tout comme lui le faisais aussi. Une réciprocité qui me rendait plus heureuse, mais aussi étrangement plus acceptée et à l'aise dans le clan. Je repensais d'ailleurs à la proposition de Vali de m'accompagner, et tout en m'habillant je l'invitais à m'accompagner.

" Mais je veux bien que tu viennes. Il y a quelque chose que je dois aussi te montrer. C'est... une conséquence intéressante de notre relation, et qui pourrais s'avérer utile pour toi."

Je me rapprochais de lui pour l'embrasser avec tendresse. Oui,s 'il venait, je pourrais lui montrer quelque chose d'intéressant. Une autre preuve de mon affection et de ma dévotion pour lui. Mais je ne lui en disais pas plus, laissant la surprise faire son effet.
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Eilífthar Heftharkona
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Re: [Hiver 4601] Taïga sous la neige
posté le Mer 8 Mar - 12:54

Alors, baisers et caresses commencèrent à se mêler. Les lèvres des de l'étrangère et du chef de clan semblait parfaitement s'assembler, comme si elles avaient été conçues pour cela. À cet instant, plus rien ne comptait vraiment. Le doux couvert des arbres avait effaçait le ciel rose, avait chassé tout souvenir du froid de la neige et du clan. Ils n'existaient désormais plus que l'un pour l'autre dans l'harmonie si propre aux mortels qui est celle d'aimer. Cependant, leur bonheur allait devoir attendre un peu, car le triste passé de l'une d'entre eux venait de ressurgir à sa pensée. Elle commença à parler d'autre chose, d'inquiétude, de non-dit. Pourtant, cela ne réussit pas encore à toucher l'autre. Váli continuait sa valse de baisers, descendant le long du cou, si la bouche n'était plus disponible. Néanmoins ce tracas soudaine ne voulait pas d'en aller de lui-même, car, plutôt que de se taire, le flot des paroles continuait à couler appelant à un torrent plus immense, qui cherchait à balayer leur moment de grâce. Il n'était décidément pas le bon moment pour parler de la Sorcière Noire. Sorti à son tour de l'alchimie mais cherchant à y retourner, le chasseur bleu entreprit d'articuler quelques mots encourageants :

« Ce n'... »

Mais il fut coupé avant d'avoir pu parler. Tullia avait recommencer à parler. Il sentait, désespéré, leur étreinte se refroidir et leur moment heureux mourir entre leurs bras, tandis que la haute dragonne ne pouvait s'empêcher. Malgré à la répétition de l'importance de cette histoire pour elle, l'homme du nord consentit à se relever légèrement pour l'écouter, et enregistrer ses demandes. Bien qu'elle parla de races qu'il ne connaisse pas le moins du monde, elle le faisait avec une dangereuse inquiétude. L'évocation au clan à la fin de son discours, affermit à nouveau le regard du chef du clan Fjarlægur : il s'agissait définitivement de quelque chose d'important. Il ne pouvait pas davantage se laisser aller lui-même au bonheur tout-de-suite. D'un hochement de tête, il accepta la demande de son aimée. Les tourtereaux étaient désormais tous deux sérieux ; le moment était passé. D'un commun accord, ils se relevèrent ; ce serait pour une prochaine fois. Dans l'esprit de Váli, il croyait encore qu'ils avaient toute leur vie pour cela. Encore pris dans les légers éclats de leur bonheur, de leur amour réciproque, ils se prirent la main avant de commencer la route pour rentrer chez eux. Sur le chemin, Tullia eut d'ailleurs une question qui sembla très étrange aux oreilles de son nouvel amant. Cela alla même jusqu'à le faire rire un peu. Un sourire gravé sur son visage, il répondit alors avec quelque chose qui semblait être une phrase rituelle chez eux :

« "Une femme est libre de porter l'enfant de qui elle souhaite" ! »

* * *

Face aux interrogations des Tullia, son amant ne put répondre que par un léger haussement d'épaule ; il n'en savait pas plus qu'elle. Puis, après l'avoir levée du lit, il resta un instant là, à la regarder s'habiller avec un air heureux et sensuel. Il avait encore contre sa poitrine le souvenir sensoriel de l'avoir serrée contre lui. Cependant, elle dépassa encore ses espérances lorsqu'elle lui proposa de venir avec elle. Content de cette proposition, il se rapprocha d'elle et l'enlaça, répondant à son baiser.

« Dans ce cas ne perdons pas davantage de temps. »

Le couple sortit et suivit alors Hrímnir hors du camp. Contrairement à l'habitude, il ne se dirigeait pas en direction de le forêt mais vers l'étendue neigeuse. Le blanc et le rosé du ciel et du sol faisait d'autant plus ressortir le gris étrange qui était la couleur du sylvain depuis quelque temps. Si Tullia l'avait demandé à Váli, celui avait répondu que les sylvains changeait souvent d'apparence et que c'était peut-être une conséquence du fait qu'il quittait plus souvent la forêt pour visiter le clan quand ils étaient voisins. Néanmoins, il était désormais presque gris anthracite. Sur le chemin, la sorcière noire surgit brusquement de nul part pour les rejoindre avec un sourire mystérieusement mais sans prononcer la moindre parole. L'événement semblait de plus en plus étrange. Cela alerta même le chef de clan qui se demanda à lui-même, en murmurant, qu'elle pouvait être cette si secrète expérience. Puis, Hrímnir s'arrêta, immobilisant aussitôt l'étrange compagnie qui s'était crée. En se tournant vers la Haute-Dragonne, il lui dit alors :

« Maintenant, pouvez-vous me montrer votre magie ? »

Váli se tourna vers elle et l'encouragea d'un sourire : c'était au tour de Tullia de montrer ses pouvoirs. Le sylvain n'avait fait aucune demande spécifique mais la démonstration pouvait commencer…

À un moment de la représentation, vers la fin, le sylvain, d'un air toujours indéchiffrable, sembla vouloir essayer quelque chose. Il prévint poliment son invitée qu'un événement inattendu allait se produire :

« Pouvez-vous continuer s'il vous plaît ? Je vais essayer quelque chose. »

Alors, brusquement, dans l'eau que l'exilée d'un autre monde manipulait, il se produisit quelque chose d'étrange. On aurait dit que quelque chose venait de se libérer, qu'une limite avait céder et que l'eau était soudainement devenue plus malléable : elle avait été purifiée. Tous les minéraux et tous les résidus qui habillent généralement l'élément aquatique avait soudainement été supprimés : il ne restait plus que de l'eau, de l'eau totalement pure, peut-être même plus pure que toutes celle que l'étrangère avait pu manipuler. Cela enthousiasma grandement le Sylvain, qui se tourna alors vers Valhildur pour lui annoncer :

« Il y a effectivement possibilité que cela réussisse ; elle semble avoir les pouvoirs adéquats.
-Vous êtes sûr ?
voulut s'assurer celle-ci.
-Oui. »


Un sourire encore plus grand que celui qu'elle arborait d'habitude couvrit alors son visage et, prenant la main grise du sylvain, elle annonça d'une voix enjouée à Váli :

« Nous allons pouvoir sauver ton frère ! »

Bien évidement, cela attira tout de suite son attention. Son regard se durcit lorsqu'il se tourna vers elle et lui demanda impérieusement :

« Comment ? »

Ce fut cependant Hrímnir Dubois qui répondit d'une voix lente une étrange formule énigmatique :

« Nous allons avoir besoin de la Sorcière noire, la Guérisseuse et de votre aimée bien sûr. Nous pouvons vous expliquer les modalités de ce rituel, si elle est d'accord. »

Sans réfléchir, le chasseur bleu tourna immédiatement le regard vers Tullia pour lui demander son approbation.
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Tullia Estrama Von Raijer
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Re: [Hiver 4601] Taïga sous la neige
posté le Sam 18 Mar - 22:24



Maintenant, je commençais à le connaitre. Les mots clés "clan" et "danger" mêlés ensemble produisaient toujours leur effet. Et j'étais bien aise que cela suffise à convaincre Vali de me suivre. C'était un pe bas de ma part d'utiliser cet argument, mais j'avais mes raisons, et je n'avais pas vraiment tord.
Nous retournions donc main dans la main vers le campement, et calmement il répondit à ma question. Enfin, me répondre... son regard malicieux et son petit sourire craquant en disait bien plus que sa belle phrase bien tournée. Je ne pus que le regarder avec surprise, et répondre vaguement.


" Ho, je vois..."

Je retournais dans mes pensés, m'étonnant à nouveau d'un tel système libertaire pour les femmes. Il n'y avait donc pas de véritable officialisation d'un couple, mais rien qui n'empêche non plus des personnes d'avoir des enfants des uns et des autres. Cela devait être plus compliqué en réalité, mais je me surpris à me demander si Vali était déjà le père de plusieurs enfants. De ce que j'avais compris, il était réverré pour sa puissance magique et ses cornes minérales. Je fronçais légèrement les sourcils, montrant que j'étais un peu contrariée. Maintenant que j'avais enfin trouvé quelqu'un en qui je pouvais avoir confiance, hors de question de partager! Monogamiste jusqu'au bout, je préférais éviter de prochaine velléité en prévenant amicalement mon Chasseur Bleu. Je le prévenais en souriant amicalement, mais tout dans le contenu de ma phrase et dans mon regard montrait qu'au premier faux pas je serais intransigeante.

"Je préfère te le dire, je suis du type loyale et pas partageuse. Si je suis avec un partenaire c'est avec un seul, et j'attends la même chose de lui. La fidélité est importante, car elle est gage de confiance et de soutient. Il serait dangereux de jouer avec cela avec moi. "

Je souriais un peu plus, le regardant avec malice. Je me demandais s'il prenait la remarque au sérieux, mais en tout cas je ne voulais pas le plomber avec ça outre mesure. Il avait été prévenu, ce qui était suffisant pour le moment. Vali était une personne sensée et pragmatique, et si son amour pour moi était fort, alors sans doute il comprendra l'importance de cette fidélité. Et du danger de trahir cette confiance.

Nous continuions vers le campement, discutants d'autres sujets comme le type de faune dans les environs, ce que l'on pouvait ou non chasser et bien entendu jusqu'où j'avais le droit d'aller dans mes escapades solitaires. Arrivés au campement, tout le monde continuait à s'affairer, mais mon regard cherchait vivement une personne intéressée. Je vis la Sorcière Noire un peu plus loin, discutant avec un Animae. Tenant toujours Vali par la main, je me dirigeais vers elle, bien décidée à ce que cela soit réglé rapidement. Arrivant près d'elle, je l'interpellais.


"Val', il faut que nous discutions rapidement. J'ai... un service à te demander."

Je jetais un coup d'oeil à l'animae, qui bien rapidement s'excusa et partit dans son coin. J'avais remarqué que ces animae étaient instinctivement craintifs de moi, comme si leur instinct les mettaient en garde contre ce que j'étais. Je n'étais certes pas au même niveau que Valhildur, ne leur inculquant pas le même respect, mais c'était suffisant pour que ma présence en fasse fuir certains, malgré mon acclimatation.
Je n'attendis pas vraiment que la Sorcière Noire nous réponde. J'enchainais, était assez mal à l'aise avec ce que j'allais lui demander de faire. Je voulais me débarrasser au plus vite de ce mauvais moment, de cette angoisse qui me saisissait les tripes. J'avais peur de la réaction de Vali en apprenant ce que j'étais, ce que j'avais vécu. Une part de moi me poussait à ne rien mentionner, à lui mentir. Mais le devoir et le sentiment que je lui devais ce respect m'avaient fait franchir le pas.


" Il faut que le chef de clan.. apprenne mon histoire, mon passé. Tu as vu ce qu'il en est, et je souhaiterais que tu sois celle qui lui raconte. Tu seras plus objective, et moins affectée par le récit."

Je serrais un peu plus la main de Vali, la sentant plus moite par le stress. Cependant, mes yeux (bien qu'inquiets) n'avaient pas quitté le regard de la sorcière. C'était un véritable service que je lui demandais, et je ne savais pas quel prix elle allait me faire payer pour cela. J'insistais légèrement, prenant un ton plus solennel.

" Acceptes tu ? "

---



Le baiser de Vali était savoureux, et réchauffait déjà mon coeur face au grand froid qui nous attendait dehors. Nous suivions le Sylvain, qui étonnemment prit la direction de la lande neigeuse. Sans broncher nous le suivions, et j'appréciais cette petite escapade qui me rappelait toutes les fois où j'allais m'entrainer. Je remarquais au passage que l'écorce du sylvain était différente, d'une couleur... moins vivante. Je mettais cela sur le compte de la lumière du soleil, différente de celle de la forêt. Il faut dire, mes yeux n'étaient pas les plus adaptés dans ce milieu toujours entre-deux jours, je voyais moins de différences dans les couleurs.

Nous marchions, pour rencontrer soudainement Valhildur. J'étais étonnée de la voir ainsi, mais pas mécontente. Elle s'avérait être une bonne compagne de route et de discussion, excepté quand cela allait sur Kottlingur. Là, mon instinct protecteur et l'amitié que je portais à cet hybride me faisait prendre farouchement sa défense, au risque d'entrer en conflit avec la Sorcière. Nous savions toutes les deux qu'il ne serait pas bon que nous nous confrontions physiquement. Mais cela n'empêchait pas des divergences d'opinions ouvertes et déclarées. Ce qui restait sain dans notre relation. Du moins pour le moment. Elle nous suivait donc, ce qui prouvait qu'elle était très intéressée par cette expérience. Je me demandais ce qu'elle voulait exactement, mais j'en saurais sans doute beaucoup plus lors de la mise en oeuvre. Je devais rester vigilante, car la Sorcière restait dominée par un démon gourmand qui pourrait bien tenter d'être néfaste. Rester sur mes gardes était de mise.

Soudainement, le sylvain s'arrêta et se tourna vers nous. Là, il me demanda de faire une démonstration. Je jetais un rapide regard à Vali, qui me souriait pour m'encourager, puis m'éloignais un peu tout en acquiescant.


" Bien sûr "

Là, douvement et facilement, je me mis en oeuvre. Sans vraiment faire de geste, je regardais simplement la neige à côté de moi, qui se mit à un endroit à se liquéfier et à bouger. Presque comme un être vivant, il ondula et se dressa, l'eau restant bien liquide malgré le froid ambiant. Je lui faisais décrire des circonvolutions autour de moi. Puis, graduellement, plus de neige autour de moi se liquéfia, prenant cette même forme ondulante, comme des serpent tournoyant autour de moi. Je n'avais pas besoin de les regarder, je fixais simplement le sylvain, Vali et Vahildur, sentant à travers mon être et dirigeant cette eau. Puis l'eau devint glace, une glace fendant la neige, comme un dragon furieux fendant la neige. Des pics de glace apparurent, de ci et de là. Cela semblait chaotique, aléatoire. Mais ils ne faisaient que suivre le flux de mon être, ce que je ressentais. Puis la glace se calma, avant de monter vivement en l'air de nouveau sous forme liquide, puis se de vaporiser... Pour former ne neige très fine de cristaux de glace, douce et voluptueuse. Tout retomba au sol, et j'attendais de voir leur réaction, l'expérience étant terminée.

Le Sylvain semblait songeur, et me demanda de recommencer. Il allait tenter quelque chose, mais quoi ? Curieuse mais prudent, je recommençais la première étape, liquéfiant la neige et en faisant tournoyer un peu autour de moi. Et soudain, je compris ce qu'il faisait. Ou plutôt, je le sentais. L'eau était plus légère, devenait plus facile et rapide à manipuler. Il était en train de purifier l'eau, en enlevant tous les minéraux attachés. En temps normal ceux ci-suivaient naturellement l'eau que je manipulais, leur liaison étant très intime avec les molécules et plus difficilement extrayable. Je pouvais purifier l'eau comme il le faisait, mais cela me demandait plus d'énergie et de concentration, et je m'en servais uniquement pour des rituels très particuliers. Que je ne pratiquais plus depuis un moment, du moins plus depuis le dernier Corrompus que j'ai Purifié. Mais le sylvain allait à un degré presque au dessus de ce que j'avais pu faire. Nos efforts combinés - l'un sur l'eau et l'autre sur les minéraux, rendait l'opération considérablement plus facile.

Mais je fus encore plus étonnée par la joie profonde qui l'anima, et le sujet dont il se mit à traiter avec Valhildur et Vali. Stoppant la manipulation de l'eau, je les regardais avec un certaine incompréhension, fronçant légèrement des sourcils et me rapprochant d'eux. Avais je raté un épisode ? La sorcière était exaltée, et je ne pus m'empêcher de leur demander franchement le sujet d'un tel réjouissement.


" De quoi parlez-vous ? "

Mais soudain, les choses allèrent trop vite à mon goût. Et surtout, ils semblaient parler de Kottlingur. Un remède, mais à quoi ? Et en quoi j'allai être utile ? J'étais soudainement inquiète et sur la défensive. Aider Kottlingur était une chose, mais que ce soit la Sorcière qui s'en réjouisse, là il y avait de quoi s'inquiéter. Pour moi, elle ne supportait vraiment pas l'hybride, et si elle se réjouissait d'une chose à son propos, c'est que cela ne devait sans doute pas être dans son intérêt, ou du moins qu'il allait en souffrir. On se tourna soudainement vers moi pour obtenir mon approbation. Mais le regard plein d'espoir de Vali recontra des yeux pleins de dureté et de méfiance. J'étais à présent assez proche d'eux, et j'exigeais d'une voix mêlant inquiétude et incompréhension que l'on m'explique le pourquoi du comment.

" Attendez un peu... Vous parlez de Kottlingur ? De quoi voulez-vous le guérir au juste ? "

Mon regard se pose alors sur la Sorcière. Elle semblait être à l'origine de tout cela, et je dardais sur elle des yeux méfiants qu'il faudrait convaincre. Il y avait quelque chose de louche là dessous, et je ne risquais pas de donner mon accord sans faire la lumière sur tout cela. De nouveau j'étais sur la défensive et me préparait à défendre Kottlingur. Vali pouvait être aveuglé par l'amour qu'il lui portait, voulant chercher une solution qui pourrait au final nuire à son frère. Je me devais de rester pragmatique et de garder en tête l'intérêt de l'hybride.

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Eilífthar Heftharkona
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Re: [Hiver 4601] Taïga sous la neige
posté le Dim 9 Avr - 21:38

Les tendre paroles échangées restaient affichés sur le visage de Váli sous la forme d'un sourire qui aurait spontané, qui aurait paru habituel pour quiconque ne le connaissait pas. Même l'entrée dans le périmètre du clan, qui l'avait reprendre un peu de contenance n'avait pas réussi à effacer le doux plaisir qui se lisait sur la légère courbe de la commissure de ses lèvres. Dans un tel état, il paraissait prêt à accepter n'importe quoi. C'est justement ce qu'il faisait, acquiesçant avec amour à chacune des requête que lui adresser celle qui était dès à présent sa belle. Même cette volonté d'amour unique, chose inhabituelle dans le nord, n'avait pas paru le choquer ou l'étonner. Váli, même s'il l'avait déjà pratiqué, n'avait jamais été porté sur la chose. De toute façon, au vue du sentiment qui s'épanouissait actuellement dans son cœur, il aurait lui-même eu du mal à accorder ses faveurs à une autre femme, à moins bien sûr d'y substituer mentalement son image par l'image en son cœur.
Pendant que le chasseur bleu planait dans ce nouvel amour, Tullia était pressée d'affaires complexes, obnubilée par ce sujet qui tisse le fil de sa vie : son passé. Non seulement, elle s'adressa à la Sorcière noire par son nom, du moins la moitié de son nom, mais en plus elle se permit de congédier l'anima avec qui elle avait une conversion apparemment importante. Cependant Valhildur était une personne paisible, pas du genre à lui à en faire le reproche :

« Dragon blanc, tu connais l'amitié que j'ai pour toi, et tu sais que je ne voudrais pas te refuser un service. Cependant, d'autres affaires m'occupent pour le moment. Lorsque j'aurai du temps, je le convoquerai... à moins bien sûr que tu ne préfères lui en parler par toi-même ? »

Une silhouette tordue, sur qui de la neige avait déjà commencé à tomber, sans fondre, se trouvait juste derrière elle : Hrímnir. Il adressa un simple hochement de tête à la jeune dragonne qu'il avait croisé, il y a très peu. Valhildur laissa échapper une expression mystérieuse, un

« À plus tard, Dragon Blanc »

puis, elle se retourna. Elle saisit presque la main du Sylvain, s'arrêtant un centimètre avant, et partit d'un pas sautillant, contrastant avec la lourde démarche du voisin végétal qui l'accompagnait.
Tandis que Tullia ne pouvait que les regarder partir, aucune de ses paroles n'aurait semblé pour les arrêter sur leur étrange route, une main lui saisit délicatement l'épaule. Váli l'a retourna vers lui. Son visage était redevenu sérieux mais gardait l'empreinte d'une certaine douceur. Il lui disait paisiblement :

« Sois tranquille. J'ai compris l'importance que revêt cette histoire à tes yeux, et je l'écouterai. Cependant, rien ne sert de hâter les choses. Aucun récit ne pourra changer l'image que tu as à mes yeux. Ce n'est pas un passé que j'aime, c'est une personne, la personne en face de moi. J'aime ce que tu fais, comment tu le fais ; j'aime qui tu es. Peu m'importe les crimes que tu as pu commettre un autre jour, ce jour est passé, définitivement. Enterre tes craintes et sois qui tu es, telle que tu le désires, car c'est cette personne que j'aime. »

Un sourire fleurit de nouveau sur son visage, tandis qu'il saisit sa hache en disant :

« Ne voulais pas plutôt chasser à la base ? »

* * *

La neige rougie par le soleil s'était muée en eau transparente. Des spirales et des circonvolutions. On aurait dit que des cercles de lumières silencieux dansaient autour de Tullia tandis qu'elle restait immobile. Le bleu se mêlait au blanc, et au rouge. L'éclat des rayons semblait se diffracter toute autour d'elle, et des arc d'or et de reflets lumineux. Váli avait déjà assisté à des spectacles semblables de la part de son aimée, bien qu'il n'eusse jamais été question de le montrer auparavant. Pourtant, à chaque fois, il était captivé par cette beauté mystérieuse, cette beauté interdite. Il ne l'aurait jamais dit à personne mais la souplesses artistiques l'avait toujours. Pourtant en effet, au fon de son cœur d'elfe sauvage, un partie de son être criait et s'insurgeait contre cette injure aux lois naturelles. Mais pourquoi était-ce si beau alors ? Était-ce le vice ou était-ce la femme ? Amené à douter envers sa nature la plus profonde, Váli ne pouvait qu'exprimer un sourire triste face à ce spectacle qu'il ne pourrait jamais tout-à-fait accepter. Mais le rythme s'accéléra soudainement après que Hrímnir eut parlé. L'eau avait changé, elle était devenue comme plus proche du ciel, plus étrange, comme une météorite, de l'eau d'un autre monde, si c'était encore de l'eau. Le pauvre spectateur, lui qui avait rarement vu les magies étrangères, était à bout de souffle. Cependant il n'aurait pas su dire si c'était par émerveillement ou par effroi. Puis arriva l'annonce qui changea tout. Son esprit fut attiré hors du spectacle.
Tullia semblait peu d'accord avec cette idée. Cependant, c'était une opportunité que Váli ne pouvait se permettre de laisser passer. Avec le temps, il s'était presque résolu à ce que cela continuait ainsi ; il avait abandonné, avec une pointe dans le cœur. Ce qu'on lui offrait aujourd'hui, c'était un rêve. Valhildur restait muette ; elle avait déjà rempli sa mission en trouvant une solution. Hrímnir restait muet : ce n'était pas son clan. Il ne restait plus qu'au chasseur bleu de parler pour son frère :

« Te souviens-tu lorsque je t'avais dit que j'avais deux frères ? l'un enfermé dans le corps de l'autre. C'est de cela que nous parlons. La Sorcière Noire pense avoir trouvé une méthode qui permettrait de les sauver l'un de l'autre. Köttlingur n'aurait plus à vivre avec ce poids de ce géant invisible sur son torse. IL n'aurait plus à rester enfermé, silencieux. C'est ce dont nous avions rêvé qu'il s'agit. Tu pourras parler avec lui si tu le veux. S'il te plaît, aide-noue à réaliser ce rêve... »

Váli n'était plus un chef tandis qu'il prononçait ces paroles ; il était un frère. Trop longtemps tous deux avait soufferts de ce destin qui leur avait été infligé. On leur offrait là une opportunité de s'en sauver, et tout reposait désormais entre les mains de celle qu'il aime.
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Tullia Estrama Von Raijer
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Re: [Hiver 4601] Taïga sous la neige
posté le Ven 21 Avr - 15:32


J'avais été un peu trop directe et brute de décoffrage, comme d'habitude quand je suis lancée dans mes émotions et la panique. Mon attitude était loin de plare à tout le monde, mais j'étais aveugle à leur réaction. Seule celle de la Sorcière m'intéressait. Peut être avait elle été vexée de la manière dont je l'avais interpellé, ou du manque de protocole. Sa réponse fut plus froide que ce que je m'attendais, du moins d'une froide cordialité qui me remit un peu dans mes esprits. Je devais dépasser un peu les limites, et je me sentais être doucement remise à ma place. Elle accepta de m'aider, mais pas de suite. Je serrais légèrement les lèvres, tentant de me calmer et de répondre de manière posée.

" Mhh... Cela me convient."

J'acceptais, car il n'y avait rien d'autre à faire. Je la regardais rejoindre le sylvain, mes pensées perdues dans le doute et l'insécurité. Quand allait elle lui en parler ? Je me demandais si elle n'allait pas s'amuser avec mes nerfs pendant quelques temps. Je nétais vraiment pas à l'aise, mais au moins je n'avais rien à me reprocher. J'avais fait la demande, et je savais qu'elle allait tenir parole. Elle le fera, et mon sort en sera jeté. Je fus sortie de mon agonie sentimentale par celui à l'origine de tout ce tourment. Vali me parlait, essayant de me convaincre que je m'en faisais trop. J'essayais de sourire, de partir en son sens pour ne pas l'ennuyer et le peiner.

" Peut être, je... J'ai tendance à trop m'inquiéter sur ce sujet, désolée."

Il disait ne se préoccuper que de ce que j'étais maintenant. Mais s'il savait à quel point mon passé m'avait façonné, et allait sûrement continuer à me hanter, serait il toujours du même avis ? S'il savait que j'étais un monstre créé par de dieux pour leur besoin et leur amusement, de ce que j'ai du faire pour survivre et atteindre mes objectifs. Le titre de déesse de la guerre et des bêtes n'est pas pour rien, tant le combat et la bestialité ont toujours fait partie de ma vie. Même si sa culture faisait qu'il était capable de supporter cela, il y a bien des choses qu'il n'approuvera jamais. Comme le fait que je suis une Fille de l'Eau, que je manipule cet élément et que je puisse invoquer certains de ses esprits. Même s'il ne le disait pas, je sentais cette désapprobation. Ce qui rendait son aveu sur ses sentiments envers moi d'autant plus... anodin et étrange. Flatteur et gratifiant, cela ne fait aucun doute, mais je ne pouvais rester totalement sereine, sans mettre toutes les cartes sur table.

Au moins l'avantage, c'est qu'il commençait à bien me connaitre. Il devait avoir vu ma détresse et mon inquiétude, aussi me proposa t'il d'aller chasser. Et bien que ce fut insuffisant pour écarter toute peine et incertitude, je me sentais touchée par cette attention et encline à essayer d'oublier. Je souriais un peu plus, reprenant mon regard malicieux et plus enjoué.


" Ha ha, tu sais comment attirer mon attention. J'ai faim, chasser m'aidera à me calmer et à me concentrer. Tu me montres ce qu'on peut trouver dans cette partie des landes de glace ? "

Je me forcais un peu, mais je devais faire bonne figure. Car de toute manière, je ne pouvais rien faire d'autre. Je suivais Vali, lui demandant quel autre type d'animaux on pourrait rencontrer ici, et ceux qu'on peut ou qu'on ne doit pas chasser. Je n'avais pas d'arme avec moi, n'en ayant pas besoin avec Cerillion. Mais plus j'y pensais, et plus je me demandais si je ne devrais pas en avoir une. Car moin j'utilise mon armure, et moins je montre ma vraie forme, mieux ce sera pour garder le secret.


* - - - *


Je n'étais pas d'accord. Les conséquences de ce qu'ils voulaient faire... Pour un être de type symbiotique, je ne pouvais qu'en avoir des sueurs froides. Vali tenta de me convaincre, me racontant, bien qu'un peu maladroitement avec sa ferveur fraternelle, ce qu'il en retournait. Je l'écoutais, mais ne pouvais m'empêcher de froncer des sourcils et de secouer la tête. J'étais pleine de doute, et n'hésitais pas à l'exprimer.

" Oui, je me souviens mais... que v'a t'il en résulter ? Ce que tu appelles sauver l'un et l'autre, c'est quoi au juste ? S'il sont deux êtres symbiotiques, si on les sépare, que va t'il leur arriver ?"

Je m'enflammais moi aussi, mais par peur pour Kött plutôt que par l'envie qu'il soit... normal. Je regardais Vali prêcher avec ferveur son idée, mais je ne pouvais m'empêcher que son amour pour son frère lui faisait oublier les conséquences d'un tel acte, et ne pas considérer les effets secondaires.

" Je vais peut être te paraitre insensible, mais je suis plus effrayée du sort de Köttlingur que de cet esprit. Il me faut une garantie que cela ne lui sera pas fatal, ou ne le rendra pas fou."

Je me tournais vers Valhildur, me rapprochant d'elle. Je plantais mes yeux de braise sur elle, essayant de trouver une origine logique à ce qu'elle faisait. Elle n'aimait pas Kött, alors pourquoi l'aider maintenant ? Qu'y gagnait elle ? Etait ce simplement pour tromper son ennui, une expérience amusante ? Je ne pouvais m'empêcher qu'elle essayait de faire d'une pierre deux coups. En faisant semblant de trouver une solution pour "guérir" l'animae hybride, elle pouvait se mettre Vali dans la poche, et rester en dehors de tout soupçon alors qu'un pauvre effet secondaire ne condamne Kött à la mort. Mais ayant voulu l'aider, Vali ne peut lui en vouloir, et elle s'en sort tranquillement avec ce meutre. C'était une femme qui n'hésiterait pas à tuer, ça je le savais. Elle n'aurait pas de pitié. Et c'était cette simple volonté de se débarrasser de quelque chose qui la gêne tout en s'amusant qui m'inquiétait le plus. Je lui faisais donc face, et tentais d'en savoir plus. Bien entendu, je devais m'engager un minimum.

" Si vous voulez mon aide, il va falloir être clair sur plusieurs points. Premièrement, expliquez moi en quoi consiste ce rituel, et ce qu'il adviendra de chaque parti. Deuxièmement, il faut que tout ceci soit expliqué à Köttlingur, et qu'il donne son accord. Et quand je dis accord, je ne parle d'un oui donné par la pression, que ce soit par celle qu'il craint.... ou celui qu'il aime."

Je jetais un regard appuyé autant sur la Sorcière que sur le Chef de clan, afin de bien me faire comprendre. Croisant les bras sur ma poitrine, j'attendais à présent un accord et les explications qui devaient s'en suivre. Je n'étais pas du tout à l'aise, et je devais être aussi juste que possible. Je ne voudrais pas empêcher Kött d'être guéri et enfin accepté par son clan, mais je ne voulais pas non plus le condamner à la souffrance ou à la folie.
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Eilífthar Heftharkona
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Re: [Hiver 4601] Taïga sous la neige
posté le Dim 7 Mai - 19:09

Váli ne pouvait pas comprendre Tullia ; il ne venait pas du même monde. Pourtant, en son cœur, il avait pressenti ces hésitations et ces doutes. Bien que la part la plus logique de son cerveau, celle qui considérait déjà la magie de Tullia comme une abomination ne comprenait pas qu'elle refuse de l'utiliser pour sauver d'autres abomination, Váli comprenait presque les émotions qui se bousculaient dans le cœur de celle qui resterait à jamais étrangère au Grand Nord. Face aux questions de celle qui était indispensable à ce projet, il ne pouvait que se tourner vers l'initiatrice de ce projet en espérant un soutien et des explications que, poussé par l'émotion, il n'avait pas demandé. C'est néanmoins le sylvain qui prit parole pour tenter de s'expliquer, de sa voix lente :

« Chaque être vivant est la symbiose de plusieurs éléments maintenus par leur esprit. Cependant l'union des sálar et des lífverur est spécifique car ils y a deux entités régentes qui se passent le pouvoir sur le corps, le transformant au passage, grâce à un pacte. Dans le cas d'un sál et des lífvera, une scission s'opérerait sans doute sans le moindre dommage pour chacun des êtres. Cependant, son frère est de sang impur, si bien que le sál est prisonnier de certaines parties du corps et écrasé par le lífvera. Le doute réside surtout sur ce qu'il adviendra des parties du corps qui étaient alors sous le pouvoir du sál. »

La Sorcière n'en prononça pas davantage et inclina humblement, acquiesçant aux savantes paroles que venait de prononcer Hrímnir. Finalement, seul le doute subsistait. Il n'y avait rien de suffisant pour apaiser les craintes de la Dame de l'eau, l'action qu'ils voulaient entreprendre n'avait jamais été tentée. Personne ne pouvait répondre à sa demande, il n'y avait aucune garantie de la survie de Köttlingur, pas de certitude, pas même un pourcentage, juste un espoir. Et cette lueur pour le futur, Tullia ne pouvait pas la comprendre ; elle n'avait jamais qu'un visage du Petit Chat jusqu'alors. D'une certaine façon, l'ancienne étrangère se trouvait dans la même situation que son amant, face à un événement qu'elle ne pouvait pas comprendre et qu'elle ne pourrait jamais refuser ou cautionner aveuglément. Faute d'avoir jamais vu un sál autrement que dans un théorie, Tullia ne pouvait que douter de Valhildur. Le seule moyen de savoir si ses hésitations étaient justifiées était le saut dans l'inconnu, mais il pouvait avoir des conséquences désastreuses. Elle exposa ses conditions. La Sorcière Noire qui avait bien senti cette haine affichait désormais un visage complètement neutre, si neutre que la peau en apparaissait parfaitement lisse. Toute la vieillesse avait quitté ces plies de la peau qui forment des rides chez les personnages qui se sont laissés vieillie, cependant c'étaient ses yeux qui avait pris en retour le poids des longues années d'errance et meurtres involontaires autour d'elle. Valhildur avait le regard fatigué tandis qu'elle se contenta d'expliquer machinalement les étapes de ce sauvetage :

« Köttlingur sera entouré de pierres d'énergie pour lui apporter la force de survivre à cette instant. La guérisseuse, avec sa mixture et sa maîtrise de déplacer ses lignes d'énergie de façon à affaiblir le lien du Pacte. Tu auras la tâche la plus compliquée, une tâche que nous pensions impossible jusqu'à présent, tu devras diviser les énergies en deux ; tu devras extraire son sál. Pendant ce temps, je ferai alors tout mon possible afin de maintenir l'âme de son lífvera dans cette enveloppe terrestre. Jusqu'à ton arrivée ici, nous ne pensions pas qu'un pouvoir pourrait jamais réussir à extraire un sál, c'est pourquoi nous n'avions jamais encore tenté le moindre rituel. Ton arrivée et ta maîtrise des énergies nous offre une véritablement nouvelle possibilité. »

Sans laisser le temps à Tullia de répondre quoi que ce soit, Váli lui attrapa immédiatement la main et tenta doucement de l'amener vers le camps :

« Avant de répondre quoi que ce soit, tu dois à tous prix parler à mon frère. Il te parlera ; il te racontera son tourment ; il saura te convaincre. »

Valhildur ne lui laissa pas non plus le temps de répondre ; elle avait déjà tourné le dos. La soricère marginale se retourna cependant une dernière fois vers Tullia, lui annonçant au passage :

« J'ai déjà raconté ton passé à ton chef. Ne considère pas que tu as la moindre responsabilité envers nous. Tu n'as pas notre pouvoir, tu ne sens pas les plaintes, les gémissements, les larmes du sál bloqué dans une gangue de chair, ce cri qui s'élève depuis tellement longtemps que pour ceux qui lui sont liés, c'est comme si un ami nous appelait à l'aide. Même si on te l'expliquait, tu ne pourrai jamais comprendre. Alors ne me juge pas et prends tes propres décisions. »

Et, sans attendre, elle s'élança dans la neige dans son habituel pas sautillant. Il semblait cependant que ce pas était aujourd'hui plus précipité, plus rapide, plus brut. Elle n'attendit pas même le sylvain dont elle lâcha la main. Elle s'élança dans l'immensité pâle, le laissant la suivre d'un pas et les amants partir de l'autre côté, vers le camps.

Le retour vers le camps fut fait à pas rapide. Váli ne voulait pas qu'ils en discutent tout de suite ; il voulait à tous prix qu'elle en parle d'abord avec son frère. Il les mena ainsi prestement jusqu'à leur tente, où Köttlingur les attendait, tranquillement en train de coudre plusieurs cuirs entre eux avec une grosse aiguille d'os. Ni une, ni deux, il lui raconta sans souffler la nouvelle et tout ce qu'il s'était passé. Il sembla incommensurablement heureux ; la possibilité de ce rituel semblait être une merveilleuse nouvelle, au point que même le Petit Chat l'accueillit avec un sourire, mesuré. Il hocha la tête avec intelligence tandis que son frère laissa couler tout son bonheur par la gorge, cependant il ne prononça que peu de mots. Lorsque enfin le glorieux messager, guidé par sa joie, dévoila avec davantage de neutralité les conditions qu'avait exposées Tullia, l'anima tourna vers elle un œil plein de sagacité. Constatant le poids qui résidait dans ce regard, il s'adressa cependant non pas à elle mais à son chef de frère :

« Laisse-nous alors ; nous devons parler.
-Mais... »
voulut rétorquer Váli, dans un premier instant, mais l'instance dans yeux du félin et le sérieux de ceux de sa maîtresse le dissuadèrent de parler davantage.

Le chef de clan se retira donc de la tente qu'il habitait, lentement, à pas lourds, comme sonné. Les vives lumières de l'anima impur se retournèrent vers Tullia. Il prononça :

« Thu as prhis une dhécision courhageuse, dhevant la Sorhcièrhe Noirhe et mon frhèrhe. »

Les crocs qui lui barrait la bouche compliquait comme d'habitude ses efforts pour prononcer ces phrases en langue commune, mais ce jour-là une certaine lassitude semblait s'ajouter à cela, un poids qu'il portait depuis longtemps.

« Je suis fatigué de souffrhirh. Je t'en ai dhéjà parlé ; mon sál, il me tourhmente. Je le sens s'agiter en moi. Il bhouge ; il trhembhle ; il a mal. Je suis fatigué de fairhe souffrhirh. Pourhquoi as-tu hésité ? »

Ses yeux d'elfe, sérieux, étaient fiché sur elle. Ils lui posaient silencieusement mille et mille questions qu'elle ne pouvait pas entendre et auxquelles elle ne pourrait jamais répondre. Au milieu de ce lourd interrogatoire d'intention silencieux, Köttlingur vacilla. Ces yeux rougirent légèrement sur les bords, tandis qu'une lumière mouillé imperceptible faisait surface, brouillant ses prunelles. Finalement, vaincu par lui-même, il s'assit sur le lit à côté de lit, tournant à moitié le dos à Tullia par ce geste. Sa voix était presque tremblante quand il ajoutait :

« Je vheux tellement êtrhe libhérhé de tout cela, alorh pourhquoi j'hésite ? Tu n'as pas le drhoit dh'hésiter Tullia, tu dhois tenirh, pourh moi... sinon, je ne suis pas sûrh d'avhoirh le courhage pourh tenirh... »
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Tullia Estrama Von Raijer
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Re: [Hiver 4601] Taïga sous la neige
posté le Lun 8 Mai - 22:36

Les explications arrivèrent, mais je n'étais pas vraiment satisfaite. Je comprenais ce qu'il voulaient que je fasse, mais manipuler ainsi l'essence d'un esprit... Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas fait. Et avec le scellé, cela s'annonçait difficile. En plus, les effets secondaires ne me disaient rien qui vaille. Je n'étais pas vraiment convaincue, mais je sentais que c'était trop important pour me laisser protester. Vali se jeta de nouveau sur moi, et la sorcière me fit une frayeur en parlant du service que je lui avais demandé. Vraiment, c'était pas le bon moment... Mais le bon côté c'est que mon esprit s'était suffisamment distrait pour leur laisser le temps de m'amener vers le campement. Les juger, leur en vouloir ? Je ne le pouvais pas. J'étais tout à fait consciente qu'il y avait un véritable gouffre culturel que je ne pourrais jamais combler. Même si je le voulais, si je faisais des efforts, le simple fait d'exister et d'être une Fille de l'Eau était une hérésie à leur yeux. Cela faisait toujours mal de se l'entendre dire, et je ne pouvais empêcher mon coeur de se pincer. Se faire dire que je n'avais pas à être responsable, marquant bien que je ne faisais pas partie de leur monde, me donnait envie de m'enfuir et de disparaitre. Je suivais mon Chasseur Bleu, qui était excité comme une puce et impatient. Je restais silencieuse et préoccupée, autant par cette distance qu'on me jetait de nouveau à la face qu'au défi que j'allais devoir relever pour Kottlingur.

Vali me fit entrer dans la tente du félin. Il lui annonça la nouvelle. Le chef de clan était chaleureux dans la nouvelle, et on pouvait sentir facilement (ou plutôt entendre) combien cela plaisait à l'animae. J'étais étonnée qu'il prenne aussi bien ces risques. Faisait il bonne figure car c'était le désir le plus cher de son frère, protecteur et chef de clan ? En tout cas quand Vali annonça mes conditions, la donne fut différente. La tension était palpable, et je vis posé sur moi le regard déterminé du félin. Mais moi même je ne bronchais pas, plantant le même type de regard sur lui, voulant obtenir une réponse honnête. L'animae demanda à Vali de sortir. Il protesta, n'arrivant pas à comprendre pourquoi, mais pour une fois le délin se montra inflexible et obtint que l'on soit seuls. J'étais plus à l'aise à présent, et j'espérais qu'il le serait lui aussi. Enfin tous les deux, l'animae parla, louant ma décision de ne pas accepter de suite. Enfin, par louer, j'entendais plus comme une manière polie de me faire remarquer que je leur avais tenue tête. Je soupirais légèrement, lui répondant avec honnêteté.


" C'était mon devoir, Kott... Ce qu'ils me demandent, je ne peux pas accepter sans être certaine..."

J'observais le félin. Il semblait soudainement aussi las que moi, si ce n'est plus encore. Il me confia qu'il souffrait et qu'il en avait assez. Je n'arrivais pas à distinguer si sa douleur était physique ou bien compassionnelle. Souffrait il mentalement, juste de savoir que son sal était malheureux ? Je ne pouvais comprendre, et n'allait pas essayer. Un symbiote ça se vit. Son regard en disait long, et devant moi je le vis craquer. Il était fatigué, éreinté, et me donnait toute la responsabilité de son état. Mon visage s'assombrit, et j'avais vraiment de la peine pour lui. Machinalement je posais une main sur son épaule, comme pour le réconforter.

" J'hésite, car j'ai peur pour toi. Je ne suis pas comme vous, je le sais et cela me peine. Mais ce que je peux voir, toi en l'occurence... je ne peux me décider si facilement à le sacrifier pour quelque chose qui m'est invisible et indifférent."

C'était une réalité, pour moi le sal ne représentait rien, et l'esprit de Kottlingur avait bien plus de valeur. C'était sans doute un choc culturel, il se sentirait sans oute outré. Mais il devait clairement savoir mon point de vue et mes raisons.

" Je n'ai pas accepté, car la décision te revient. C'est à toi de me dire si tu es prêt ou non. C'est ton corps et ton destin, pas le leur. "

Je me tournais un peu plus vers lui, étant plus sérieuse que jamais.


" Si c'est ton souhait je le ferais, Kottlingur. Et j'irais jusqu'au bout. Il est... question de ton sal, et des effets secondaires que cela pourrait avoir sur ton corps. Je ferais mon possible, je vais réfléchir pour palier à cela. "Je ne sais pas les conséquences sur une séparation aussi brutale entre deux esprits symbiotes. Les conséquences pourraient être terribles. La douleur, pourrait être encore plus forte, la folie à ta porte chaque fois que tu ouvriras les yeux. Te condamner à cela, c'est de ça dont j'air peur."

Je soupirais, lasse de devoir autant m'expliquer.

" Mais c'est ta décision, et rien d'autre. Et si l'issue est trop insupportable, et que tu me demande de tout finir et de t'achever, je le ferais."


C'est terrible à dire, mais parfois la mort est une douce récompense, et le meilleur acte de charité que l'on puisse offrir. Le nombre de fois où j'avais souhaité mourir. Et maintenant, si je mourais les choses seraient peut etre pire, car c'est la vie immortelle d'un dieu qui m'attend. Un cauchemard s'enchainant à un autre...
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Eilífthar Heftharkona
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Re: [Hiver 4601] Taïga sous la neige
posté le Lun 29 Mai - 18:08

Un simple sourire étira les lèvres en écoutant la réponse de Tullia. Köttlingur avait confiance en elle et ces dernières paroles prouvaient que sa confiance était bien placée. Le dragon blanc n'avait pas insisté dans un sens ni dans l'autre, elle se contentait de lui laisser le choix, de déterminer sa réaction face à cette nouvelle qui pouvait affecter toute sa vie. C'était aussi pour ça qu'il fallait qu'il retrouve courage. Hybride, bâtard anima, il n'avait jamais pensé avoir un avenir. Il s'était toujours dit qu'il resterait ici, dans cette tente, auprès de son frère, jusqu'à la fin de sa vie, et s'il lui avait survécu, il se serait sacrifié aux vents du Nord. Cependant, il réalisait d'autant plus maintenant que ces rêves étaient égoïstes. La Chasseur Bleu s'était trouvé une place, une femelle. Son cœur brillait pour cette femme, bien davantage que pour lui. Le Petit Chat devait devenir grand ; il devait avancer.

« Alorh, je te le dhemandhe, Tullia : aidhe-moi à me sauvher de ce dhestin qui m'immobhilise. »

Les gens du Nord emploient rarement les prénoms. Ils considèrent en effet que ceux-ci offre un pouvoir sur la personne, aussi ne le donnent-ils qu'à leurs plus proches amis. Prononcer le nom de quelqu'un a donc toujours une saveur particulière ; cela n'arrive que lors de moment de franche confiance entre deux personnes seules ; c'est une intimité profonde tandis qu'ils prononcent ces syllabes si inhabituelles dans leur bouche. C'est une demande qu'on ne peut pas rejeter.

* * *

La cérémonie n'eut lieu que vingt jours plus tard. Hrímnir avait conseillé de le faire le jour de la pleine lune afin de renforcer leurs pouvoirs propres et d'éloigner les esprits néfastes qui aurait pu vouloir posséder le corps affaibli. Entre temps, l'intéressé s'était mis activement à la confection d'une petite tente. Il espérait prendre un entièrement nouveau départ lorsque le rituel serait terminé, et le premier pas pour cela était de cesser d'être dépendant de son frère et de lui laisser davantage de place pour vivre sa vie. Váli, bien sûr, participa activement à cette nouvelle ambition, en lui fournissant nombre de cuirs et de fourrures  qui pourraient lui être utiles. C'est donc dans une petite tente de vie pour une personne toute juste construites que tous se rejoignirent : le chasseur, la sorcière, le sylvain, la guérisseuse et la dragonne, tous autour du lit où se trouvait paisiblement installé l'impur. Le gardien de la taïga était déjà en action, dans l'espace étroit, posant une après l'une des pierres de tailles différentes, marquées de symboles étranges, autour du corps, dans un ordre que lui seul semblait comprendre. À ce moment, tout était encore paisible, ce traitement semblait avoir une effet vivifiant et apaisant sur l'anima plutôt que douloureux. Il souriait avec encouragement à ceux penchés autour de lui, tel la statue d'un saint bienheureux dans une église. Tout le monde lui rendait son sourire avec des états plus ou moins marqués de stress et de crispation, même Valhildur. Puis, ce fut au tour de la guérisseuse d'opérer. Elle commença à dessiner des formes précises avec les enduits placés sur le lit dans plusieurs pots. Ses traits lisses suivaient parfois la forme des muscles, parfois les veines, avec une technique tout aussi incompréhensible de celle du sylvain avec elle. Cependant, ce traitement fut nettement moins agréable : Köttlingur commença à pousser quelques gémissements d'abord épars puis de plus en plus répétés. Son frère avait particulièrement du mal à le supporter, il ne cessait de tourner en rond en implorant les différents membres présents de lui donner une tâche à faire. Au bout d'un moment, la guérisseuse qui officiait, excédée lui dit quelque chose en elfique l'enjoignant expressément et même un peu violemment de partir car le tourbillon de ses émotions perturbait les esprits et rendait l'action plus douloureuse. Blême, le concerné partit se rafraîchir sous la neige qui avait recommencer à tomber sans insister davantage. Pourtant, les gémissements continuèrent, ils se muèrent même bientôt en cris, devant le visage crispé de la vieille elfe. Alors la Sorcière Noire toucha légèrement la bras de son sylvain. Celui-ci se mit alors à effleurer de magie certaines des pierres qu'il avait posé, en tâchant de ne pas gêner la Guérisseuse dans son travail. Cela sembla calmer un peu l'anima mais pas assez pour arrêter ses gémissements. Il avait les yeux emplis de larmes mais ses dents serrées montrait tout l'effort qu'il faisait pour rester le plus digne possible.
Lorsque cette seconde étape fut finie, ses yeux étaient presque vitreux et son corps s'agitait de tremblements irrépressible, comme en proie à une maladie grave, si bien que les derniers traits de la Guérisseuse étaient bien irréguliers par rapport aux premiers, secs. Les différentes couleurs, toutes assez ternes, se mélangeaient sur son corps, traçant des symboles tellement liés à son corps qu'ils lui donnaient l'air d'un félin faméliques. Dès qu'elle eut fini, la vieille elfe ne resta pas plus longtemps et parti en murmurant quelque chose en elfique comme quoi elle ne voulait pas assister aux résultats funestes de magies dégénérées. Cela n'empêcha pas Valhildur de lui répondre en elfique des mots beaucoup plus clairs :

« Vith munum bjarga sinn ! Nous allons le sauver ! »

La Sorcière Noire enchaîna aussitôt en prenant place à la tête de Köttlingur. Elle s'accroupit pour se mettre à sa hauteur et plaça ses mains d'un coté et de l'autre de son front, à quelques centimètres de distance. Alors, elle tourna un visage sérieux vers Tullia :

« C'est à notre tour. Nous ne devons précéder le plus vite possible pour qu'il ne perde pas trop d'énergie. Tire sur la queue. »

Elle baissa les yeux vers la queue de Köttlingur, seul endroit de son corps qui n'était pas peint par la Guérisseuse. Puis, les mains de Valhildur se posèrent sur les tempes et le Chat hurla tout l'air contenu dans ses poumons. La couleur des iris de la Sorcière vacillait tandis qu'elle répétait à Tullia :

« Vite. »
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Tullia Estrama Von Raijer
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Re: [Hiver 4601] Taïga sous la neige
posté le Mar 4 Juil - 18:02

J'avais fermé les yeux dans un soupir, pour accepter sa demande. Mais maintenant que nous étions devant le fait accompli, presque un mois plus tard, j'avais des doutes. Je m'étais entrainée et avais recentré l'énergie de mon âme pour qu'elle soit moins instable. L'opération en cause devait être précise et je n'avais pas le droit à l'erreur. Mais j'avais peur pour lui. Car je ne savais pas les conséquences de cet acte, et je ne savais donc pas comment l'aider en cas d'imprévu. Je voulais en parler à Vali, mais le Chasseur Bleu était tellement heureux et plein d'espoir que je ne pouvais lui faire cela. Je gardais donc mes doutes pour moi, et évitais d'aborder le sujet. Même à la Sorcière Noire ou à Kott. Lui et son frère passèrent plus de temps ensemble, à lui confectionner une tente, son prochain habitat. De mon côté je feignais de m'entrainer, m'éloignant un peu d'eux pour leur laisser de l'intimité.

Quand le jour vint, la Lune était bien ronde et pleine d'énergie. Avant d'arriver sur le lieux, j'avais pris soin de répartir tout autour du périmètre des pierres gravées que j'avais confectionné. Au contact de ma magie, elles s'activeront pour former une barrière réduisant le "bruit" provoqué par la magie. Une sorte de camouflage, pour ne pas attirer de trop l'attention. J'espérais ainsi que même moi, on ne me trouverait pas. Pour l'aoccasion j'avais pris ma forme intermédiaire, qui me permettait d'être plus précise et plus puissante dans ma magie. Mes trois paires d'ailes repliées sur mon dos, je faisais attention en rentrant dans la petite tente avec tant de personnes. Même mes cornes en forme de lyre, j'avais peur d'éborgner quelqu'un. Le rituel commença rapidement. On avait rapidement parlé de quand je devais agir, et pour la première partie je ne pouvais que regarder. Je sentais mon coeur se déchirer quand j'entendais et ressentais la douleur de l'animae. Mon corps se crispait, restait tendu comme un arc pour repousser cet appel à l'aide instinctif. Mon regard brillant était posé sur lui, glacé mais plein de détermination. Je devais tuer cette émotion, ce sentiment de pitié. Comme lors des batailles. Je sentais Vali agité de son côté, mais je l'ignorais. Je ne voyais que mon objectif, le corps vibrant de Kott, comme une proie à l'agonie.

C'était maintenant à moi d'agir. La vieille femme me maudit une fois de plus, mais Valhildur la remit à sa place. Peu m'importait, car j'avais l'habitude et savais que si je le voulais, je pouvais la réduire en charpie d'un seul mouvement. Elle n'était pas digne à mes yeux d'une telle préoccupation. La soricère et moi nous mettions en place. Elle à la tête du patient, et moi au niveau de sa queue. Au signal, je la saisie et infusais mon énergie pour me saisir de celle de l'animae. C'était une sensation étrange, comme celle d'une anguille qu se débattait entre mes doigts, glissante et violente. Mais l'impression de fragilité était aussi palpable. Je sentais les deux entités différentes, mais craignais de déchirer l'une si j'étais trop violente avec l'autre. Je fronçais des sourcils, mes yeux brillants par la magie et mes dents se serrants. J'étouffais un grondement d'énervement, ma proie essayant de s'échapper. Je ne devais pas lâcher prise, insinuant mon énergie contre celle qui devait être maintenue dans ce corps, comme un étau de glace. Mais le temps était une ressource rare, alors que je sentais le scellé dans mon dos me brûler les chairs.


" Finis de jouer, tu sors de là... "

M'agrippant à cet esprit animal, je commençais à l'extirper du corps de Kott. Mon affinité avec les esprits animaux me rendait plus capable de discerner son énergie à celle de l'Animae. Mes mains lâchèrent la queue physique de Kottlingur, mais dans mes mains restaient une queue éthérée, blanche. Des l'énergie de la même couleur semblait émaner du corps de l'animae, et avec mes griffes je tirais dessus. L'esprit se défendait, mais j'étais plus fort que lui. Normalement il pourrait être l'encas de mon âme prédatrice, mais ici ce n'était pas son destin. Il sortit presque complètement de son corps, montrant la forme nébuleuse d'une panthère des neiges. Je tenais toujours sa queue, pour l'empêcher d'aller nul-part. Il me fixait de ses yeux haineux, comme si je commettais une infâmie. Mas je n'étais pas en reste, et je grondais aussi férocement en plantant mon regard dans le sien.

" N'y pense même pas, ou je te dévore..."

Peut être arrogant de ma part de dire cela, mais c'était également une vérité. J'étais capable de dévorer des âmes et des esprits. Sinon, comment serais je devenue une déesse ?
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Re: [Hiver 4601] Taïga sous la neige
posté le Mer 12 Juil - 19:15

L'énergie élémentaire s'infusa dans le corps, se coulant le long des délimitations magiques qui avaient précédemment été posé, faisant écho avec tout l'eau qui se trouve dans les corps en vie. Se courbant le long des lignes d'énergie, ce sont bientôt deux énergies différentes qui furent perceptible. L'une était faible et claire, fragile, elle tentait de se coller à la magie de l'eau à la recherche de quelque chose pour la compléter, bien que leurs natures soient trop différentes pour se lier. L'autre était forte, agité de temps en temps par des à-coups puissants, tentant se dégager et de faire fuir ce nouvel élément comme l'aurait fait un fauve. Sa nature était presque éthérée, rampante, comme un blizzard mortel qui paraît glisser paresseusement au loin. Pourtant, malgré des natures si différentes, les deux âmes étaient si étrangement imbriquées que la séparation était bien rendue délicate. Chaque coup de griffe du totem était comme une plaie infligé à Köttlingur, arquant son corps, et formant une évanescente boursouflure à la hauteur de son épiderme. Pourtant, le visage de ce dernier était vide, entre les mains de la Sorcière, presque gris.

Tout ce qui avait retenu jusqu'alors lâcha brusquement. L'esprit agité fut soudainement arraché au corps qui l'avait porté depuis sa naissance. Valhiludur écarta aussitôt sa main des tempes de Köttlingur qui s'effondra sur son lit, comme si tous ses muscles avaient lâché. L'irbis ouvrit pour la premier fois depuis plusieurs millénaires les grands yeux céruléen que lui avait donné le monde. Il posa ses pattes sur le vide, comme s'il s'était agi d'un sol et tourna sa face vers l'étrange guérisseuse qui l'avait sorti de sa prison de chair. Tous ses muscles se tendirent tandis que son corps spectral se rassemblait vers la portion de vide qu'il avait choisi comme sol. Puis il se dressa brutalement et, sans bondir sur sa tortionnaire, lâcha un feulement qui provoqua une brusque explosion. La barrière posée par la dragonne blanche aurait résisté à de la simple magie animale, mais elle était loin de pouvoir résister au poids combiné de la magie d'eau de Tullia et de celle, puissante, de cette nouvelle entité. La pierre la plus faible du cercle s'éteignit.

Váli surgit dans la tente. Il avait assurément perçu la vague d'énergie qui venait juste d'en sortir alors qu'il attendait peu loin. La tension des énergie présente dans les lieux augmenta d'un cran supplémentaire lorsque la bête et l'elfe sauvage croisèrent leurs regards. Les yeux du chef de clan était calme et c'est cet apaisement que la magie transmit jusqu'au fauve. L'énergie étrangère se tarit lentement tandis que le fauve détourna le regard vers autre chose. Sa queue se dissipa dans les mains de Tullia tandis qu'il alla s'allonger auprès de son ancien corps, contemplant les yeux fermé du nouvel être, dont la Sorcière noire épongeait le front couvert de sueur avec un linge. Bercé tous deux par la chaleur de l'autre, le félin finit par s'endormir, gardant néanmoins un œil suspicieux envers ses “bienfaiteurs”.

La situation calmée, le frère du miraculé s'approcha de sa belle. Il semblait assez inquiet de ce qui avait pu se passer dans la tente en son absence. Il n'avait en effet pu entendre que des cris et percevoir l'énergie dans l'air. Cependant, aucune blessure n'avaient été infligée au Dragon blanc. Soulagé, et sans se soucier de sa forme semi-draconique, il lui les épaules et la serra dans son torse. Le nœud qui avait coincé sa gorge se défit un instant dans une phrase, une découverte qui révélait toute son bonheur au travers de la chaleur de son timbre :

« Tu vas bien. »

Pourtant, si elle allait bien, ce n'était peut-être pas le cas de leur situation. La barrière censée cacher l'énergie de la dragonne le temps du processus avait été brisé. Le clan tout entier avait senti les brusques vagues d'énergie mais ils n'étaient pas les seuls. Au loin, sous les profondes neiges de la montagne, quelque chose se mit en mouvement.
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Tullia Estrama Von Raijer
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Re: [Hiver 4601] Taïga sous la neige
posté le Mar 18 Juil - 20:23

L'esprit félin n'était pas de moindre, et ne se laissa pas impressionner par mes dires. Il feula et me balança une charge d'énergie puissante, que je ne pouvais ignorer. Grondant légèrement, je rassemblais ma propre magie pour faire barrière et dissiper cette vague qui pourrait bien me repousser. Mais dans le processus, l'équilibre précaire d'énergie pour alimenter les pierres de brouillage s'était rompu. Le trop plein d'énergie brisa l'une des pierres gravées, annulant le sort de protection. Je ne pouvais le voir, mais le sentais en moi comme un verre qui se brise, au loin. Le félin retrouvait rapidement son calme, retournant auprès de sa moitié de chair et de sang. Mais moi, je sentais une sueur froide dans mon dos. L'énergie avait dépassé la barrière... Est ce que quelqu'un avait pu sentir mon énergie ? Me repérer ? Non... C'est un endroit tellement désolé, le risque est si...

Le doute était installé, je n'étais pas sereine. Le rituel était terminé, je regardais le corps faible de l'animae devant moi. Pour l'instant je ne pouvais rien faire, c'était à son clan de s'occuper de lui. Vu son état de faiblesse, si je tente d'aider je risque de faire plus de mal que de bien. Vali entra dans la tente, enfin. Mais à ma grande surprise, ce n'est pas au chevet de son frère de sang qu'il se précipita. Il regarda un instant l'esprit fauve, le calmant par sa magie, puis se dirigea vers moi pour m'enlacer. J'étais presque choquée d'une telle action. J'ouvrais de grands yeux étonnés, mes ailes frémissant de surprise et mes bras hésitant à lui rendre l'embrassade. N'est il pas sensé se précipiter vers son frère, qu'il chérit plus que tout ? C'était une scène touchante, et je ne pouvais que m'en émouvoir. Recevoir une telle affection réchauffa mon coeur, apaisant un moment le doute et adoucissant mon regard. Je souriais avec tendresse, l'enlaçant à mon tour pour le rassurer. Avoir ce grand corps contre moi était... une sensation étrange mais très agréable. J'avais encore un peu de mal à le comprendre et à communiquer avec lui, mais je lui étais éternellement reconnaissante de l'amour qu'il me portait. Je n'étais que honteuse de ne pouvoir lui rendre de suite la pareil, mon coeur étant plus glacé, apeuré et hésitant. Je lui répondais sur un ton doux et rassurant, me défaisant un peu de son étreinte.


"Oui, je vais bien Vali, ne t'inquiètes pas... C'est ton frère qui aurait plus besoin d'aide."

Je tournais mon regard vers Kott, qui se remettait doucement. Je ne savais pas comment les choses allaient se passer à présent, mais le temps nous le dira. Il était entouré, et sa considération par le clan ne pouvait que s'améliorer. Enfin, théoriquement et selon ma compréhension partielle et incomplète de leurs moeurs. Pour ma part, j'avais autre chose qui me revenait à l'esprit. Mon regard se posa sur un pan de la tente, comme si je voyais au loin vers l'horizon, distinguant à travers les peaux tannées. Les pierres... Je devais les récupérer, et vérifier que tout allait bien. Je ne pourrais être sereine sans cela. Je me tournais vers mon Chasseur Bleu, lui souriant avec tendresse mais parlant avec hésitation.

" Je... Il y a quelque chose que je dois aller vérifier. Je reviens sous peu ..."

Il avait la manie de ne pas me laisser errer seule sur la taïga. Comme s'il avait peur pour ma sécurité, ou que je m'enfuis. Il me faisait si peu confiance ? Ou son amour le rendait par trop prudent ? Même si j'étais un peu fatiguée par l'effort fourni pour le rituel, j'étais assez forte pour survivre et me déplacer seule en dehors du campement. Et Vali allait sûrement devoir s'occuper de son frère. Je l'espérais un peu, pour qu'il ne me suive pas. J'étais plus rassurée quand je le savais hors de danger, et donc éloigné de moi quand je suis à l'état sauvage.
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Eilífthar Heftharkona
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Re: [Hiver 4601] Taïga sous la neige
posté le Sam 22 Juil - 16:07

Une fois rassuré du fait que sa bien aimé n'avait pas souffert le moindre dommage, accompagné par ses paroles rassurantes, l'amoureux finit par s'écarter de sa belle. Cependant, il restait attentif à ses réactions et avant de lâcher tout-à-fait sa main, tandis qu'elle se tournait déjà vers l'extérieur, il lui dit :

« Je sais qui tu es. Je connais tes craintes. Vas-y et fais attention. »

Puis, il se dirigea à son tour vers le corps étendu de son frère, froid de toute l'énergie minérale qui se trouvait encore en lui. L'irbis le laissa faire paisiblement, le couvant d'un regard protecteur, allant mon jusqu'à frotter son épaisse tête contre l'épaule de l'elfe. Tout semblait s'être calmé, Tullia pouvait sortir en toute tranquillité à la recherche des traces qu'aurait éventuellement pu laisser son inhabituelle magie.

Malheureusement, dehors, la dragonne blanche ignorait où chercher. Dans l'immense taïga qui se dressait comme un mur ? Dans la large toundra qui s'étendait à perte de vue ? Puis, la neige commença à tomber une fois de plus, dissimulant plus habilement la trace de la dragonne blanche, mais effaçant aussi toute autre empreinte. Il ne restait plus qu'une lumière grise, triste résultat des lourds nuages obstruant complètement les rayons écarlates du soleil du nord, à moins que cela ne fut une véritable nuit. Quoi qu'il en soit, la recherche fut vaine et ses longs moments d'errance à l'extérieur ne furent pas même bénis par la présence d'animaux égarés à se mettre sous la dent.

Tout le reste de l'Hiver se déroula dans cette ambiance paisible. Celui qu'on appelait autrefois Köttlingur resta longtemps en convalescence. Ses dents tombèrent. La queue encore accrochée à son corps se recroquevilla à son tour et se colora d'une teinte sombre, de la gangrène des morts. Alors qu'on hésitait encore à la couper de peur que le mal ne se répande dans le corps, celle-ci finit par tomber, au soulagement de tous. Pourtant, cela n'était pas terminé car ses mains, ses jambes et tout le reste de son corps semblait être sous l'emprise de cet étrange phénomène qui le rapprochait toujours plus de la mort sans vouloir tout-à-fait le soulager de ses souffrances.
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