Tullia Estrama Von Raijer - Haut Dragon Exilé Errant

Tullia est née dans un monde bien éloigné de ceux d’Abyndal et de la Triade. Sa naissance remonte, dans la chronologie d’Abyndal, à l’An 2417. C’était une humaine, qui à ce moment-là vivait dans l’ignorance de la magie, dans un monde où seuls les humains et leurs caprices existaient. Son nom d’ailleurs, n’était pas celui qu’elle porte à présent, ni celui connu par les Renégats et les membres de la Triade. Son nom humain, elle-même l’a oublié avec le temps, car il n’est l’image que de souvenirs diffus de bonheur, de paix et d’éducation. C’est aussi l’image d’une personne qui n’existe plus, balayée par le temps et l’expérience. C’était une jeune femme gaie, intelligente et pragmatique, qui rêvait tout simplement de faire fortune en montant sa propre entreprise. Elle était heureuse avec sa famille, et ne s’attendait pas du tout à ce qui allait lui arriver.
Car c’est vers ses 18 ans qu’un terrible évènement se produisit. En voyage, sa famille et fut furent attaqués par des bêtes sauvages, informes et inconnues de ce monde. Elle en réchappa de justesse, sauvée par un inconnu qui usa de magie du Feu. En état de choc, elle tomba dans l'inconscience.

Quand elle retrouva ses esprits, elle crût être dans un cauchemar. Elle était dans un endroit inconnu, des paysages étranges désertiques en compagnie de la fameuse personne qui l’avait sauvé. Il était grand, ses vêtements étranges et son air plus que mal-aimable. C’est à grand peine qu’elle reçue une explication de sa part, et uniquement pour qu’elle cesse de paniquer et de courir partout à la recherche de sa famille. Ceux-ci étaient tous morts, attaqués par ce qu’il appelait des Rampants. Ceci était arrivé à cause d’elle, selon lui. Car elle avait été choisie par le dieu de l’Eau, Habaek, pour devenir la prochaine Gardienne de l’Eau. Tout son discours n’avait aucun sens pour elle, et de toute manière elle était plus mortifiée à l’idée que toute sa famille avait péri plus que l’honneur que lui faisait un quelconque dieu en la choisissant. Et un honneur… si seulement elle savait que c’était plutôt une malédiction qui l’attendait. Elle n’eut le choix que de le suivre, n’ayant nulle part où aller et personne sur qui compter. Elle n’était pas sur son monde, en compagnie d’une personne qui semblait l’aider véritablement à contre cœur. Trop bouleversée, elle ne put réfléchir convenablement et se laissa guider. Ils arrivèrent à une ville, où elle fut enfermée dans une chambre austère, sans autre compagnie et explications que ses yeux pour pleurer. Ce n’est que plus tard, quand un être bizarre (une sorte de lézard sur deux pattes qui parlait) prit enfin la peine de venir la voir pour lui expliquer ce qu’il se passait. C’est là qu’elle apprit l’existence des mondes de Shibai, des dieux, de la Triade, des Orbes, du dieu corrompu… Elle eut du mal à tout croire, mais bon après tout, un lézard géant lui parle. Elle apprit aussi qu’en effet elle avait été choisie, car le Gardien de l’Eau précédent avait été tué il y a peu, et l’urgence de la situation avait poussé le Dieu Habaek à prendre des mesures. Celui-ci d’ailleurs devait entrer en contact avec elle, au cours d’une cérémonie qui aurait lieu quelques jours après. En attendant, on la laissa donc dans sa piètre chambre, sans lui parler. Elle ne comprenait pas une telle froideur de ces personnes. D’autant plus que le peu de personnes qu’elle rencontra (ceux qui venaient lui apporter à manger), n’étaient en rien cordiaux et lui jetaient des regards étranges, voir mauvais. Elle n’était pas la bienvenue, c’était certain. Quand le jour de la rencontre avec le dieu arriva, elle ne pouvait être plus surprise et méfiante. En premier, on l’amena dans une pièce où on la déshabilla sans vergogne, lui jeta de l’eau glacée pour la laver, l’habilla d’habits propres mais simples pour la conduire enfin dans un dédale de couloirs. Elle avait l’impression de n’être qu’une prisonnière, une sorte de marchandise que l’on manipulait sans grands états d’âme. Blessée en son for intérieur par la mort de sa famille, isolée et fragile, elle n’avait plus la volonté de contester ce qui lui arrivait, et de demander plus d’explications. Si elle avait été dans son état normal, vous pourriez être sûr qu’elle aurait fait un scandale de la manière dont on la traitait. Mais elle se laissait faire, se demandant bien ce qui allait lui arriver, et qui ne pouvait probablement être pire. Elle fut conduite dans une grande salle souterraine, où un lac aux eaux sombres trônait en son centre. On l’approcha du bassin, puis on la laissa, sans rien dire d’autre. Elle se demanda bien pourquoi, mais elle eut rapidement une réponse. A peine s’étaient-ils éloignés que des tentacules d’eau se jetèrent sur elle, pour l’attirer dans le lac. Elle lutta, se débattit, appela à l’aide, mais rien n’y fit. Fatiguée et lasse, elle succomba et se laissa trainer dans les fonds du lac glacée. Fermant les yeux, elle perdit de nouveau connaissance rapidement sous la morsure du froid.

Quand elle se réveilla,  ce fut pour se retrouver dans un jardin luxuriant, où il faisait chaud et l’air embaumait. Elle se releva, pour faire face à la fameuse personne qui était apparue dans ses rêves. C’était un homme à la peau hâlée, aux cheveux longs et blond platine. Il était bien coiffé et habillé, au point que l’on aurait presque dit une femme. Un peu trop de parfum en revanche, qui faisait quelque peu tourner la tête. Cet homme se présenta, d’une voix suave et charmante. Rien que le son de sa voix fit sentir à la jeune femme qu’elle n’était pas en face de n’importe qui. Elle n’eut pas trop de mal à le croire, en suivant son instinct, qu’elle avait en face de lui celui qui se présentait comme Habaek, le Dieu de l’Eau. Il s’excusa pour la « gêne occasionnée », à savoir la mort de sa famille. Etrangement, elle se rebella contre ses propos, lui faisant bien sentir que la mort de toute sa famille était bien plus qu’une simple gêne occasionnée ! C’était comme si son corps ne lui pesait plus, et qu’elle était de nouveau elle-même. Le dieu s’en amusa et tenta de la calmer en lui expliquant pourquoi elle avait été choisie. Selon lui, il avait besoin de spécial, une personne qui non seulement avait de l’affinité avec de l’eau mais qui en plus pourrait lui apporter ce que les Haut Dragons et autres membres de la Triade ne pouvaient lui donner. Intriguée, elle lui assura n’avoir rien d’exceptionnel, n’étant qu’une humaine sans connaissance ni habilité à la magie. Habaek sourit d’autant plus, lui répondant que justement, c’est ce qu’il lui fallait. Ne voulant trop savoir ce que ce dieu à tête de pervers avait derrière la tête avec cette idée là, elle lui demanda ce qu’il voulait vraiment qu’elle fasse. Car après tout, avant d’accepter il faut bien savoir de quoi il en retourne. Même si elle n’a plus grand-chose à perdre, n’ayant plus de famille ni de moyen de retourner dans son monde, elle préférait avoir le choix. Il lui expliqua qu’il avait besoin de quelqu’un de neutre, ayant un point de vue et une manière de penser différente. Selon lui, les Gardiens actuels n’étaient plus aussi sûr qu’avant, et il soupçonnait même une trahison. Elle avait entendu parler de ces Gardiens et de ces dieux, mais elle ne voyait pas trop en quoi elle serait capable de mener à bien ses desseins. Quoi qu’il en soit, elle osa demander pourquoi elle ferait ça pour lui. Après tout, il a été la cause de la ruine de sa famille, de même qu’elle et son espèce n’ont rien à voir avec leur guerre. Le dieu sourit, et se fit persuasif. Premièrement, c’était parce qu’elle avait été choisir que sa famille a été attaquée. Attaquée car fuite de l’information à l’ennemi, semblait-il. Deuxièmement, elle aurait l’occasion d’avoir accès à un immense pouvoir, et à une vie grandement rallongée. Troisièmement, elle aurait l’occasion de venger sa famille, et empêcher que ce sort n’arrive à d’autres mondes sans défense qui seraient la cible de ces colonisateurs adeptes de tueries et corruption.  Elle n’était pas vraiment convaincue par les deux premiers arguments, surtout le premier qui était bien trop facile. Mais le troisième était plus qu’alléchant. Venger la mort des siens, n’est-ce pas un moyen que de se rendre justice à sois même, de même que d’œuvrer pour une bonne cause ? Prompte dans sa décision, elle accepta. Si elle avait su, elle aurait décliné l’offre… Quoi qu’il en soit, le dieu fut fortement satisfait de sa réponse, et lui fit un petit « cadeau » de bienvenue. D’une pichenette il la renvoya dans l’inconscience. Ou plutôt, il la réveilla. Quand elle ouvrit les yeux, ce fut pour sentir son corps perclus de douleur, comme si tous ses muscles se déchiraient lentement, sa tête bouillait et son corps étouffait. Elle était dans la pénombre la plus totale, flottant dans de l’eau dont elle ne sentait plus la morsure glaciale. Voyant une lueur au-dessus d’elle, elle nagea jusqu’à la surface et creva la surface placide du lac. Elle rejoignit la berge à la nage, où elle s’effondra, épuisée. Quand elle se réveilla de nouveau, ce fut pour se retrouver dans le lit de sa chambre incommode. Là, ce qui semblait être un serviteur était à son chevet. Une sorte de dragon rouge, de la taille d’un homme et dardant ses yeux vert perçant sur elle. Il lui demanda ce qu’il s’était passé, ce qu’elle avait vu. Elle lui raconta de son esprit encore embrouillé qu’elle avait rencontré le dieu Habaek, et accepté l’offre. Cependant, elle se garda bien de raconter sa mission de surveillance, car le dieu avait été très formel sur ce sujet : personne ne devait savoir qu’elle était là pour dénicher les taupes parmi les Gardiens et les Haut Dragons. Ce dragon sembla satisfait, ou plutôt résigné à devoir se satisfaire de cette situation. Il se présenta comme étant Gahiji, l’Intendant de la Maison de l’Eau. Ce qui, elle le comprit plus tard, se résumait à celui qui gérait le temple de l’Eau où le Gardien de ce même élément devait s’entrainer. Il était là pour l’accompagner à la prochaine étape, à savoir commencer l’entrainement. Et sans plus de cérémonie, il la laissa là, lui disant qu’ils partiraient aux aurores le lendemain. En se levant, toujours le corps douloureux et engourdis, elle vit dans un miroir quel était le cadeau dont avait parlé le dieu. Son corps avait changé. Elle était plus musclée, un peu plus grande, et le visage émacié. Ses yeux étaient devenus bleu, sa peau plus claire et de nombreux cheveux blancs parsemaient ses cheveux. Elle ne se reconnaissait plus. Son corps était devenu l’ombre de ce qu’elle était à l’origine. Ce qui ne pouvait que la mortifier, car si ceci était un cadeau, qu’allait il en être de la suite !

Commença alors son entrainement, ou plutôt son éducation. Pendant une première centaine d'année, on l'enferma au temple de l'Eau où elle dut apprendre tout sur les Dieux, la magie, l'écriture, les sorts, les scellés, ainsi que les techniques de combats. Pour apprendre elle se trouva douée, mais pour la magie et le combat elle était désespérante. Il faut dire qu'elle était plutôt du genre pacifiste, et qu'elle n'avait jamais appris la moindre notion de magie dans sa vie. Et pour rendre les choses d'autant plus agréable, on lui faisait bien sentir qu'elle n'était pas acceptée et qu'elle n'était qu'un déshonneur. Son origine humaine, même si elle le devenait de moins en moins physiquement, lui était fortement reproché par les Haut Dragon l'éduquant, l'entrainant, voir même ceux qu'elle croisait simplement sur son chemin. Ce sentiment de solitude ne fut pas pour l'aider, et diminua singulièrement sa capacité à développer sa magie. Mais plus le temps passait, et le temps passait plus rapidement qu'elle ne le pensait, plus son corps changeait et devenait celui d'un Haut Dragon. Au début ce ne fut que physiquement, puis bientôt au niveau du comportement. Ses émotions étaient plus violentes, plus sauvages, et une fois elle failli s'en prendre à l'un de ses instructeurs alors qu'il dépassait la limite en l'insultant de trop. Ce comportement sauvage l'effrayant d'autant plus qu'elle pressentait une puissance en elle. Elle n'aurait put le décrire, vraiment le comprendre, mais cela l'effrayait grandement. Les Haut Dragons virent cela comme une mauvaise chose, oubliant eux même que ceci était leur vraie nature, que des centaines d'années d'éducation stricte avaient rendu aussi calme et limpide que la surface calme d'un lac. Mais elle, venait juste de découvrir sans le vouloir tout ce potentiel. De nouvelles plaintes virent le jour, des prêtres allant se plaindre au Dieu Habaek de ce que son "choix" n'était en rien adéquat. Mais il resta silencieux, laissant les choses se faire. Le gardien du Feu, le Haut Dragon qui l'avait sauvé, prit en main alors la situation. Mais à sa manière. Il se chargea de l'entrainement de l'Elue, notamment martial et magique. Sa méthode était simple: essayer de la tuer pour l'obliger à réagir, à maitriser ses talents pour survivre. Il espérait aussi, avec une certaine chance, vraiment la tuer pour éliminer ce déshonneur. Il failli y parvenir d'ailleurs. La pauvre transformée n'en fut que plus perturbée, mais cette technique porta ses fruits. Bien obligé, son instinct se manifesta pour la protéger, la faisant utiliser enfin de la magie de l'Eau et retrouver ses réflexes primaires pour survivre. Mais le contre-coup était non négligeable. Encore plus instable émotionnellement, elle ne maitrisait en rien comme ell le devait ses instincts et sa magie. Aussi un jour, lors d'un entrainement, un accident survint et elle disparue. Perdue dans un monde forestier dangereux et primaire, les Haut Dragons la cherchèrent mollement, espérant qu'elle allait vraiment mourir et se débarrasser d'elle. Mais le Dieu Habaek tint bon, affirmant qu'elle était bien vivante et qu'il fallait la retrouver. En vérité, elle avait fui, voulant désespérément mettre le plus de distance entre elle et ces fous. Elle rencontra lors de sa fuite une meute de Wölgen : des genres de créatures entre le dragon et le loup, grands et puissants, hautement intelligents. Elle les supplia d'en finir avec elle, que ce serait preuve de pitié et de miséricorde envers une personne qui n'avait pas choisi son malheur. Mais ces Wölgens, ayant leur propre lien avec des dieux primitifs, refusèrent. Ils n'avaient pas le droit de la tuer, car elle avait un rôle clé. De même, ils réussirent à la convaincre que bien qu'elle n'avait pas choisi son malheur, elle pouvait tout de même choisir de lutter pour elle, et de se défendre pour être maître ensuite de ses choix. Qui après tout, vengera sa famille ? Qui évitera que d'autres malheurs arrivent ? Elle argumenta qu'elle n'avait aucun talent, qu'elle ne servait pas à grand à ce qu'elle ne controlait rien. Et elle ne désirait en rien retourner auprès de ceux qui essayaient plus de la tuer que de vraiment lui apprendre quelque chose. Les Wölgens lui demandèrent du temps avant de répondre à cette question, et lui proposèrent de rester avec eux un temps. Elle accepta, préférant instinctivement ceci à être seule. Mais ces loup-dragons vivaient comme des loups, une meute chassant et se déplaçant. Pendant plusieurs temps elle les suivis, avec difficulté, mais elle ne se sentait plus autant opprimée que dans le Temple. Au contraire, elle se sentait plus soulagée, plus libre. Les Wölgens finirent par lui faire une proposition: elle ne savait pas se contrôler car elle venait d'acquérir un corps nouveau, puissant et sauvage. Ils lui proposèrent de les suivre, d'apprendre ce que c'était que d'écouter et suivre ses instincts, pour ne plus se laisser surprendre en cas d'urgence. De même, ils acceptaient de lui apprendre comment chasser, commetn survivre et entrer en communion avec ce qu'elle était: une chasseuse. Car c'était ce qu'elle était, mais venant d'une origine de poie, il était difficile d'accepter et de gérer sa propre condition. Elle accepta, et pendant plusieurs années elle fit partie de leur meute. Vivant comme des bêtes, mais avec le sens de la famille et de la protection. Chassant et combattant pour la survie, mais avec la sérénité d'appartenir à un tout. Elle apprit avec le temps et les différentes situations à mieux se connaître, à se familiariser avec ses nouvelles capacités. Chose qui était impossible pour elle avec la pression qui lui était imposée au Temple. Elle apprit même à tuer, et à accepter cette action pour sa survie, et pour protéger. Elle découvrit aussi sa capacité à prendre une forme intermédiaire, avec ses ailes et ses cornes. Mais celle ci était trop instable et trop puissante, causant plus de ravage que d'aide. De plus, elle n'en avait aucun contrôle et était purement dangereuse. Elle se promit d'utiliser le moins possible cette forme, qui en plus la faisait réellement ressembler à l'un de ces Haut Dragons.

Pendant quelques décades elle vécut ainsi, les Wölgen évitant ingénieusement les recherches des Haut Dragons, ceux-ci ne se doutant pas un instant que leur élue était avec eux. Cependant un jour, cette vie prit fin. Lors d'une patrouille des Wölgens autour de leur territoire, elle fut séparée d'eux par une attaque de Haut Dragon patrouilleurs. Ils la reconnurent, voulurent la faire revenir, mais furent grandement surpris par sa réaction. Fière et ayant changé sa peur envers eux en de la colère, elle les attaqua pour se défendre et fuir. Elle ne les tua pas, mais réussit à se soustraire à leur garde. Ceux ci revinrent avec les informations au Temple, qui lança des recherches plus ciblées. Les Wölgens étaient à présent en dangers et elle s'en voulut. Pour éviter que leur paix ne soit perturbée, elle décida de partir de la meute. Elle avait, après tout, suffisamment appris, et pouvait à présent contrôler ses instincts. Elle leur fit ses adieux et s'en fut vers le Temple. L'accueil fut des plus mitigés. La déception pointait le bout de son nez, mais ils voyaient bien qu'elle avait changé. Son regard, son attitude...physiquement elle était devenue à l'image de ses techniques de combat, fine et élancée pour de la rapidité et de la précision. Ses cheveux étaient à présent longs et complètement blancs. Quand ils voulurent lui faire reprendre l'entrainement elle ne broncha pas, prenant sur elle. Mais elle ne s'attendait plus de leur part au moindre espoir d'amitié et de tendresse. Elle les considéra aussi froidement et durement qu'ils le faisaient, tel un miroir renvoyant leur propre image. Elle apprit avec plus de rapidité, mais cette fois ci ignora totalement les exigences et les pressions qu'ils lui imposaient. Lorsque le Gardien du Feu revint pour l'entrainer comme il avait fait, il fur surprit du changement. Ses instincts s'étaient développés, au point même qu'elle ne montrait plus la peur d'avant, mais une véritable volontée de tuer. Cette volotné était tout de même assombrie par la rancoeur et la colère qui couvait en son coeur. Car bien qu'elle était devenue non pleurnicharde et froide d'apparence, ses émotions étaient toujours fortements présents. La colère et l'insurbordination étaient devenus ses principaux traits, contrastant avec le calme et la froideur des autres Haut Dragons. Le temps passa encore, et elle développa ses capacités de combats et de magie. Elle apprit les principes des autres magie élémentaires, montrant certains attrait pour la Terre et le Vent, en plus de l'Eau. Elle apprit au fur et à mesure la Glace, et montra une forte affinité avec les esprits animaux. Un fait plutôt surprenant, car ceux ci n'étaient en rien facile à dompter. Mais ils avaient oubliés avec les âges, que ces esprits ne devaient pas être gourvernés avec la froideur d'âme et le calme des jours tranquilles, mais avec les émotions et la chaleur inconstante d'une flamme, avec flexibilité et rapprochement. Chose qu'elle réussissait à merveille, le temps n'ayant en rien effacé ses émotions toujours très humaines. Bien qu'en face des Haut Dragon elle ne montrait pas le meilleur d'elle même, elle avait conservé son âme noble, son envie de partager, ce besoin social qui au fond continuait à la rendre malheureuse. Et ce sentiment, tout au long de sa vie, ne la quitta jamais.

Vint le jour où l'entrainement s'acheva, pour faire place à la rencontre avec les autres Gardiens et les premières missions. Les autres Gardiens, à part le Gardien du Feu qui était Haut Dragons, étaient deux Anges (un de la Foudre et l'autre du Vent) et deux Archidémons (un de la Terre et l'autre du Métal). Curieux, ils étaient différents des Haut Dragons qu'elle avait vu, et en fu enchanté. Montrant plus d'émotions, elle apprécia les Archidémons, bien qu'ils étaient clairement tournés vers la violence et le dédain des êtres plus faibles. Celui qui lui attira le plus de sympathie fut l'Ange de la Foudre, qui était de nature curieuse et devint rapidement proche d'elle. Tous les deux, ils détonnèrent de l'ensemble du groupe par leur vivacité et l'épandage de leurs émotions fraternelles. Grâce à lui, elle revenait à la vie et se trouvait plus libérée. Elle redevenait elle même, riant et devenant plus ouverte. Chose que le gardien du Feu n'avait jamais vu jusqu'à présent.

Pendant quelques années, jusqu'en 2560, ils partirent en missions dans différents mondes afin de rétablir l'équilibre entre la Triade. Elle continuait ainsi sa formation, et se montra très douée dans l'art de se fondre dans la masse des peuples dit "moins évolués", mais surtout de s'adapter à son environnement. Elle évita autant que possible d'utiliser sa forme intermédiaire, car les quelques fois où elle l'utilisa ce fut un fiasco plus qu'une réussite. Elle en vint à redouter cette forme, qu'elle trouvait autant laide et dangereuse. Pourtant, cette forme était utilisée fréquemment par les Haut Dragons, ce qui lui fit valoir de nouvelles railleries de la part des Haut Dragons. Mais elle s'en fichait, car à présent elle avait un camarade qui lui ne se moquait pas. L'Ange de la Foudre devint presque son confident, et rapidement elle éprouva des émotions au delà de l'amitié pour lui. Mais bien humble et manquant de confiance, elle ne se déclara jamais auprès de ce qui pourrait être considéré comme son premier amour.

En 2561, vint enfin l'année de son intronisation. Après son entrainement et les différentes missions, il fut décidé qu'elle était enfin apte à être considérée comme une éritable Gardienne de l'Eau. Pour cela elle devait être "choisie" par l'Orbe de l'Eau, véritable réceptable des pouvoirs du Gardien de l'Eau. Pour ce rituel, toutes les Orbes de chaque élément allaient être rassemblées. On allait enfin lui dévoiler son nom de Gardienne, et elle allait recevoir de l'Orbe son Arme de Gardienne, aussi appelée Arme des Dieux. La cérémonie rassemble aussi tous les Gardiens ainsi que la populace noble de la Triade qui se devait d'être témoins.

Quand le rituel eu lieu, elle toucha l'Orbe de l'Eau, qui était une sphère brillantes bleutée. Elle sentit toute sa puissance, presque effrayante par son ampleur et sa tranquillité. Elle ressentit le lien entre elle et cette entité, et comprit ce qu'il y avait d'exceptionnel à être Gardien. C'était comme sentir que l'on était tout le temps protégé au loin par cette sphère, en même temps que le devoir de la protéger. Suite à ce lien, apparut devant elle son Arme. Pour chaque Gardien l'arme était différente, car correspondant à son élément, à sa personnalité et à ce qu'ils souhaitaient cmme type d'arme. Mais elle n'avait pas ce désir d'arme en particulier. Seule la pensé d'être dangereuse et instable sous sa forme intermédiaire lui donnait plus d'inquiétude que de savoir si elle allait utiliser un cure-dent ou bien une masse comme arme. Mais l'Orbe choisit pour elle une arme adéquate. Enfin une arme... face à elle, se trouva non pas un saber, non pas une lance, non pas une masse, mais.... une armure. Cela se présenta d'abord comme une forme liquide blanche, flottant dans l'air, qui vint se coller à elle pour forme à proprement dit une armure. Ce fut à la surprise générale, car à ce qu'il semble c'était loin d'être une arme. Il y avait de la déception, des railleries dans les murmures de l'assemblée, mais son impression à elle était bien différente. Cette armure était vivante, elle sentait une présence rassurante, protectrice, mais aussi fière et confiante. L'armure était légère, comme une deuxième peau. Mais surtout, surtout, elle sentait que sa puissance, son pouvoir était calmé, maitrisé. Cette armure n'était pas là pour la protéger, mais pour l'aider à se contrôler, et à être plus efficace. Elle en était ravie, et lui donna pour nom Cerillion, qui veut dire "Lumière Apaisante". L'aspect de cette armure ne fut connue que bien plus tard par les autres personnes, la gardienne ne voyant pas l'intérêt de divulguer cette information. Après la surprise de cette arme, on lui annonça enfin son nom. Ce nom lui était donné afin qu'elle oublie son ancienne appartenance à la race des humains, et qu'elle soit totalement impliquée dans sa nouvelle patrie. Ceci réussi mais pas tout à fait. Car bien qu'avec le temps elle oublia en effet son nom en tant qu'humaine, elle n'oublia jamais d'où elle venait, et son coeur ainsi que son esprit restèrent toujours très humains. Son nom Haut Dragon lui fut donné par le Dieu Habaek, qui voulait dire " l'Âme Vengeresse du Dragon": Shrikan Tatsu. Ce nom était aussi singulier, car très guerrier, mais convint à l'assemblée par ce qu'elle impliquait. Pour eux, cela voudrait dire qu'elle serait bien celle qui allait les venger de l'affront du dieu déchu. Pour elle, ce fut une autre histoire. Shrikan n'apprécia guère la signification de ce nom. Être vengeresse ne lui posait pas tant de soucis, car c'était par vengeance qu'elle voulait combattre. Mais l'idée de dragon, espèce qu'au final elle ne se sentait pas vraiment proche vu leur comportement envers elle, n'était pas pour lui plaire. Enfin, peu importe. Pour elle, elle sera toujours humaine.

Tout se passait pour le mieux lors de cette cérémonie, jusqu'au moment où le chaos fit son apparition. Alors que la cérémonie allait se conclure, une explosion eut lieu dans le bâtiment proche, qui s'effondra en partie sur le public. En même temps, un portail s'ouvrit au dessus de la salle, pour laisser entrer des démons et des renégats. Et l'un des gardiens fit sortir son arme pour égorger le gardien de la Terre juste à côté de lui et s'attaquer à celui du Métal. Le Gardien traitre était l'Ange de Foudre. La chaos était le plus total. Pendant que le public hurlait et tentait de s'échapper, les envahisseurs tentaient de s'emparer des Orbes et le traitre s'attaquait aux gardiens surpris. tout fut confus pour Shrikan, qui fut sauvée d'une attaque par son armure, qui la protégea. Mais le coup aurait put être mortel, ce qui la réveilla de sa première surprise pour se défendre. Elle voulut défendre les Orbes, tandis que le Gardien du Feu et de l'Air s'occupaient du traitre. Mais les renégats ainsi que les démons donnaient du fer à retordre en s'interposant. Tout allait de mal en pis, le Gardien de l'Air tomba et le Gardien du Feu se trouvait lui aussi attaqué et affaiblis. Shrikan avait du mal à défendre les Orbes, même en prenant sa forme intermédiaire, beaucoup plus stable grâce à l'armure et lui permettant de mieux utiliser ses pouvoirs. Mais fatiguée et peu habituée à ce genre de situation, elle se faisait débordée de tous côtés. Il fallai trouver une solution, et vite. Dans un moment de désespoir, sans trop savoir ce qu'elle faisait, Shrikan ouvrit plusieurs portails, et de partout. Les Orbes tombèrent dans différents portails, le Gardien de la Foudre tomba dans l'un d'entre eux, et certains Renégats aussi. Mais ouvrir autant de portail sans contrôler parfaitement la destination était épuisant. A bout, Shrikan s'effondra.

Quand elle reprit connaissance, c'était dans un lit. Elle n'était pas blessée, mais épuisée et l'endurance de son corps mis à rude épreuve. Si elle n'avait pas eu le lien avec l'Orbe de l'Eau, elle serait morte pour avoir été au delà de ses limites magiques. On lui apprit la trahison du Gardien de la Foudre, la mort des Gardiens de la Terre, du Métal et de l'Air. Le Gardien du Feu était vivant, mais en piteux état. Quand elle avait perdu connaissance, il avait combattu le reste des renégats et des démons présents avec le reste des troupes, ce qui avait duré deux bons jours. Elle put se lever et alla voir els dégâts, ceux-ci étaient conséquents, mais le pire était les dégâts psychologiques. un Gardien traitre, la moitié restant avait péri, les Orbes perdues... On demanda vivement à Shrikan où elle avait envoyé les Orbes, mais elle du reconnaitre qu'elle avait agit par réflexe et dans l'urgence, sans savoir où elle les avait envoyés. On l'invectiva pour un tel acte inconsidéré, l'accusant presque que ce chaos était de sa faute, qu'elle n'était qu'une malédiction. C'est à ce moment là que le Gardien du Feu apparut et intervint. Il rappela que ceci était mieux que le fait que toutes les Orbes soient entre les mains de leurs ennemis, et que son intervention avait permis de reprendre la situation en main. Shrikan était très étonnée que ce soit lui qui prenne sa défense. Seul Gahiji, son fameux intendant, prit sa défense par la suite en rappelant qu'il était déjà exceptionnel qu'elle ait eu la présence d'esprit d'agir ainsi, et qu'il restait incroyable qu'une personne avec si peu d'expérience arrive à ouvrir autant de portail à la fois. Gahiji était l'un des rares, voir des seuls, Haut-Dragons qui ne voyait pas en elle une poubelle vivante, ou bien une aberration de la Nature. Elle ne le voyait pas souvent, mais était toujours heureuse d'avoir son soutien, quoi que la plupart du temps assez strict. La période de l'effroi passé, il fallait agir à présent. Cette attaque était une déclaration de guerre en bonne et dû forme, et une réponse devait être faite. Pendant que les Anges et les Haut Dragons s'organisaient pour se préparer à la nouvelle guerre, Shrikan et le Gardien du Feu devaient retrouver les Orbes. Leurs Gardiens morts et séparés, ces Orbes pouvaient être source de pouvoir pour les ennemis, mais surtout corrompues par le dieu déchu. Ne sachant pas où elles avaient été envoyées, c'était une véritable recherche à l'aveugle, des aiguilles dans une énorme botte de foin.

A deux, ils écumèrent bon nombre de mondes. Souvent sans succès, trouvant des indices. Leurs ennemis étaient aussi à la recherche de ces Orbes, ce qui indiquait qu'il y avait encore de l'espoir. Mais le temps était compté, une ressource limitée et dangereuse. De plus, le danger était de rencontrer le traitre, le Gardien de la Foudre. Cette traitrise avait été un coup terrible pour Shrikan, qui voyait en cela une double trahison. Il avait trahis les Gardien, mais aussi son coeur. De plus, elle s'en voulait de n'avoir rien vu, elle qui était sensé voir ce que les autres ne pouvaient voir. Cette trahison et cette déconvenu se ressentirent sur son comportement. Beaucoup moins ouverte, redevenant sérieuse et fermée comme avant, une nouvelle colère sourde et d'autant plus amère régnait en son coeur. De plus, se retrouver seule à voyager avec le Gardien du Feu, celui qui avait tenté de la tuer par ses entrainements, quelle chance ! Le destin ne pouvait être plus ironique... Mais elle était de loin de s'en douter. Car le Gardien de la Foudre, avec le temps, avait bien changé d'opinion envers Shrikan. Certes, elle restait pour lui un déshonneur car d'origine humaine, mais il avait été surpris de son ouverture au contact des autres Gardiens, et aussi de son travaila charné pour retrouver les Orbes. Elle devenait de plus en plus capable dans sa fonction, quoi qu'elle perdait facilement son sang froid. Shrikan était d'ailleurs surprise elle aussi du comportement du Gardien. Il était non pas devenu sympathique, cela aurait été l'équivalent de l'apocalypse, mais moins dur et moins froid. Toujours exigeant et strict, mais plus à même de la laisser prendre des décisions et attaquer en confiance. Leur recherche dura plus de 200 ans. Sur les 6 Orbes, ils en retrouvèrent deux. Les deux Gardiens se rapprochèrent, gagnant en respect mutuel et en confiance. Shrikan fit ses armes, apprenant un art de la guerre consommé qu'est la guerilla et la chasse à l'indice. Le gardien du Feu continua aussi à entraine Shrikan, lui apprenant ce que sa longue expérience lui avait enseigné. Elle rattrapait ainsi l'écart qu'il y avait à sa jeunesse et son inexpérience. Avec le temps, Shrikan considéra de plus en plus le Gardien, voyant en lui une personne sûre sur laquelle compter, un ami qui lui montrait la voix de la sagesse et de l'expérience. C'était une amitié bien différente de celle qu'elle avait eu avec le Gardien de la Foudre, mais bien plus salvatrice et utile en ces temps troublés.

En 2786, les deux gardiens eurent des indices sur la présence d'une Orbe dans un monde reculé, mais en territoire Archidémon sous l'égide du dieu déchu. C'était risqué, car en terrain ennemi, mais les indices étaient concluant. Ils s'organisèrent, devant s'introduire dans la forteresse du Gouffre d'Elym. La mission tourna au drame, les indices n'étant que des coups montés pour tendre un odieu piège. L'Orbe était bien présente mais déjà aux mains de l'ennemi, le traitre étant présent pour la surveiller. Ils combattirent, mais perdirent pieds alors qu'ils étaient en surnombre. Alors que tout était désespéré, Shrikan utilise de nouveau sa capacité à ouvrir des portails pour sauver le Gardien du Feu, l'envoyant dans un des mondes des Haut Dragons. Elle se disait que s'il était vivant, il y avait encore un espoir. Affaiblie, elle était prête à mourir, espérant tout de même emporter ce traitre, son premier amour, dans sa chute. Mais ses plans cruels, elle aurait frémis qu'à les entrevoir. Elle fut emprisonnée et déportée dans un autre monde, dans une autre forteresse, celle ci souterraine. Ici, elle fut enfermée pendant 3 ans, ses pouvoirs bridés par un artefact fourni par le dieu déchu pour bloquer son lien avec l'Orbe de l'Eau. Là, différentes expériences furent conduites sur elle, pour tenter de la Corrompre. La douleur, l'humiliation, la terreur, elle connut pendant ces années bon nombre de tortures. Ils allèrent jusqu'à l'atteindre dans son intimité, la violant et s'amusant avec elle pour lui faire sentir son insignifiance et sa faiblesse. Les méthodes étaient nombres: psychologique, physique, tentant de la briser autant qu'ils le pouvaient. Ils voulaient la convaincre qu'elle n'avait été qu'un déchet, qu'ils les avaient abandonnés, et que c'était les dieu et non Arou qu'il fallait maudire. Car c'était de leur faute si elle avait été choisie, transformée, humiliée et mise de côté, utilisée comme un simple objet pour leurs fins. Shrikan aurait pu devenir folle. D'ailleurs, c'est ce qu'elle devint. Se renfermant, elle ne survécut que par la capacité de son corps de Haut Dragon blanc à se régénérer rapidement, et conservant une rage et une haine toute justifiée comme un feu couvant en des braises chaudes. Elle se coupait de la réalité, espérant tout à tour succomber, se libérer pour se venger, disparaitre. Ils ne purent la corrompre comme ils le souhaitèrent, mais il reste vrai que par leurs méthodes, ils créèrent un monstre. Elle n'avait plus d'état d'âme envers eux, plus de pitié ni de miséricorde. Son envie de meurtre était tour à tour édifiant par la violence de sa haine, mais aussi par la froideur de l'acte mortel. Elle se prenait souvent à imaginer avec plaisir la mort de ses bourreaux, de ses propres mains leur faisant sentir toute la douleur qu'elle avait subi.

Cependant, il y avait de l'espoir. Un beau jour, alors que le Gardien de la Foudre était parti dans un autre mondre pour gérer la guerre grandissante, la forteresse se retrouve assiégée. Elle ne se rendit compte de rien, enchainée dans sa cellule, attendant sa prochaine séance. Qu'allaient ils lui faire subir ? Elle n'en savait rien, et s'y préparait comme à son habitude. Quand les hurlements des bourreaux se fit entendre, elle ne réagit pas. Même quand quelqu'un vint lui ouvrir sa cellule, l'appelant, elle ne bougea pas. Ce ne fut que lorsqu'elle entendit le cliquetis de son artefact et de son scellé qui s'ouvrait, qu'elle se réveilla d'un coup. Mais pour ses sauveurs, ce ne fut pas pour leur intérêt. Libérée de ses chaînes, ne distinguant en rien qui elle avait en face, elle se mit à attaquer, laissant toute sa colère et sa rage surgir. Heureusement pour eux, elle était trop faible physiquement pour être véritablement un danger. En l'appelant, et essayant de la contenir, elle finit par reprendre conscience de son entourage. C'était étrange, car c'étaient des archidémons, mais qui n'étaient pas... là pour la torturer ? Ou alors c'était une nouvelle méthode, ou encore celle de lui donner de l'espoir pour ensuite briser celui ci. Mais un grandement et une explosion la fit revenir à la raison. Cette magie... le Gardien du Feu ! S'agitant, elle voulu monter pour le rejoindre. Non, ce n'était pas la meilleure idée. Le Gardien saurait se débrouiller tout seul. Il fallait profiter de l'agitation, pour dérober l'Orbe ! Celle ci n'avait pas bougé de la forteresse depuis les 3 ans qu'elle était ici, cette forteresse bien gardée et peu connue étant un centre d'expérience dont l'Orbe était l'un des sujets. Accompagnée par les Archidémons qui l'avaient délivrée, qu'elle apprit plus tard être des Archidémons Rebelles, ils montèrent vers l'étage de l'Orbe. Elle connaissait le chemin, étant passé devant lors de ses sessions et ayant sentit son pouvoir. La garde allait peut être se retrouver plus ténue, à cause de la présence du Gardien du Feu. Elle eut raison, mais il fallut tout de même se battre. Puisant dans sa rage et sa colère l'énergie pour combattre, elle put se venger d'une partie de ceux qui l'avaient humiliés. Les Archidémons qui l'avaient accompagnés se retrouvèrent très surpris de voir la Gardienne avec autant de haine et d'énergie. Bien loin de ce qu'un Haut Dragon doit être. Ils récupérèrent l'Orbe et filèrent vers la surface. Mais pendant leur combat pour l'Orbe, la donne avait changé. Le Gardien traitre était revenu, sans doute prévenu par un des Archidémons présent. Il combattait le Gardien du Feu, avec force et rage. Shrikan voyant ce tableau voulu lui venir en aide. Mais trop faible, et les Archidémons Rebelles ayant leurs ordres, ils tentèrent de l'évacuer malgré ses protestations. Ils devaient l'amener vers le portail construit en dur, qu'ils avaient capturé des Archidémons et reconfiguré. Mais le portail n'était pas à côté, et Shrikan put voir dans toute l'horreur de la scène le Gardien du Feu empêcher le traitre de se rapprocher du portail. Elle vit le gardien du Feu succomber, sans pouvoir rien y faire, alors qu'on lui faisait passer le portail. Un rêve, un nouveau cauchemard ? Une nouvelle torture par l'illusion ? Non, rien de tout cela. Pour une fois c'était la réalité, et une bien cruelle réalité.

Suite à cette nouvelle catastrophe, une nouvelle Orbe avait été récupérée, mais le dernier Gardien de l'ancienne génération fidèle aux dieux était mort. C'était un coup dur pour tout le monde. La plupart ne voyaient pas en Shrikan celle qui devait régler la situation comme le dieu Habaek le prédisait. Elle était jeune, avec peu d'expérience, alors que les autres gardiens rompus à l'exercice avaient tous péris ! Et ce gardien traitre, un bien ennuyeux problème. Pour Shrikan c'était aussi une nouvelle perte, car elle en était venue à apprécier la présence du Gardien du Feu, qui la rassurait par son expérience et la guidait. Elle se retrouvait seule, entourée que par des individus qui la regardaient de haut et la diminuaient dans son travail. Sous pression, elle décida de partir seule à la recherche des Orbes. Elle préférait travailler seule, avec la certitude qu'elle sera plus discrète, mais aussi qu'elle provoquera moins de catastrophes. Elle continua son travail sur le même principe qu'avec le Gardien du Feu, mais se fondit plus facilement dans la masse des êtres mortels. Elle se méfia aussi beaucoup plus des indices, les vérifiants toujours avec minutie. Ses méthodes aussi avaient changées. Suite à son emprisonnement, elle devenait plus cruelle dans ses combats contre les Renégats et les Archidémons du dieu déchu. Plus méfiante et sarcastique, elle alla jusqu'à considérer son corps comme une arme, sans plus ni moins. Qu'elle soit un monstre pour les autres ? Qu'à cela ne tienne. Après tout, il faut bien un monstre pour en détruire un autre. Bientôt les ravages qu'elle provoquait quand elle se battait se firent entendre. On l'appelait le Fléau Blanc, son armure blanche montrant toute l'horreur de ses possibilités. Monstre parmis les monstres, celle qui dévore ceux à son image. Au final, cet emprisonnement eut comme effet bénéfique de la rendre encore plus meurtrière et prompt à donner la mort, efficace et rapide. Elle ne rechignait pas devant les méthodes, la fin justifiant les moyens. Isolée et solitaire, elle se forçait à rester à l'écart des autres, connaissant ce qu'elle était et ce qu'elle pouvait provoquer. Cependant, tout n'était pas noire pour elle non plus. Elle voyagea beaucoup dans des mondes différents, démontra une grande agilité d'action dans des situations où elle est en infériorité numérique. Libérée du joug et de la surveillance des Haut Dragons, elle se rapprocha aussi des êtres plus mortels. Elle rencontra des elfes, des humains, des hybrides, des vampires, des démons... dans chaque mondes ils étaient similaires et différents à la fois. Elle y gagna une certaine ouverture d'esprit, allant jusqu'à apprécier certains démons et vampires. A l'inverse, elle vit les déboires et le comportement terrible de certains elfes ou humains. Cependant, elle resta globalement protectrice envers ces êtres plus faibles, plus particulièrement envers les humains et les hybrides. Les humains, parce qu'elle avait été humaine par le passé et le restait toujours dans son esprit et son coeur. Les hybrides, car elle ressentait comme eux le rejet, étant un mélange et différent des autres.

Ces combats solitaires la changèrent complètement, et l'éloignèrent encore plus de la société de la Triade. Il faut dire qu'elle l'évitait autant que possible, ne les contactant que rarement pour signaler la présence de Renégats dans certains mondes, rendre une Orbe... Elle n'appréciait que la compagnie de Gahiji, qui continuait à al soutenir, ainsi que de quelques Archidémosn Rebelles. Elle fit la connaissance du Général Cosbel, qui l'avait sauvé à la forteresse et gérait la guérilla chez les Archidémons. C'était un démon grande gueule, très passionné et désespérément optimiste. Ce qui constratait fortement avec le comportement froid et détaché de Shrikan. Ce général se trouva des plus collant avec Shrikan, agissant comme s'ils étaient amis et lui parlant familièrement. C'était d'autant plus effarant que cela constrastait avec le comportement des autres généraux et membres de la Triade envers elle. Dégout, méfiance, peur, indifférence. Certains la voyait comme une héroïne, mais ceux ci était très peu nombreux, et se cachaient des autres la plupart du temps. Ce général étant, somme toute, une cause perdue et l'exception qui confirmait la règle. Ce fut bien pire quand, une fois que la tension était à son comble, elle du rejoindre l'armée des coalisés pour préparer l'assaut final. Le général ne la lâchait plus, au point que plusieurs fois elle se retint de lui en mettre une. Mais il lui fit du bien, remontant en elle l'estime qu'elle pouvait avoir des Archidémons. Elle eut même l'occasion d'aller en mission avec lui, apprenant que cette gaieté et optimisme étaient.... ben, juste dans son caractère et ses gènes. C'était aussi un psychopathe qui n'avait aucun mal à tuer et égorger, mais toujours avec un plaisir "sain" et le sourire aux lèvres. Elle finit par l'ignorer, se disant que c'était préférable. Mais ce fut l'inverse, car à la voir sans réaction il en rajouta couches sur couches. Elle finit par lui en mettre une ( mais à la manière des Gardiens), et il fut tellement ravi qu'il se déclara. Elle n'en comprenait rien, se demande s'il était sadique ou mazo, et pourquoi il pensait ainsi. Enfin, allez savoir ce qu'il se passe vraiment dans la tête d'un Archidémon... Elle le refusa net, voyant en lui une nouvelle erreur comme avec le traitre Gardien de la Foudre. Une autre décade passa, l'heure de la dernière grande bataille approchant, et elle finit apr succomber à ses charmes, tout en gardant en tête qu'elle devait faire son devoir avant tout.

L'an 4246 arrive, avec elle l'année de la fameuse grande bataille. D'un côté un rassemblement des Renégats et des Archidémon du dieu déchu, soutenu par le Gardien de la Foudre qui a trahis les siens. De l'autre, l'alliance des Anges, Haut-Dragons, des Archidémons Rebelles et de la dernière gardienne de l'Eau. Le combat se fit dans un monde désolé, où destruction était du meilleur effet pour refaire un peu le paysage. Shrikan n'était en rien un général, elle ne mena aucune troupe. C'était le rôle des généraux et commandants, dont Cosbel. Shrikan elle, avait un but plus précis. Se débarrasser du Gardien traitre. Le dieu déchu, Arou, était sensé venir sur le champs de bataille. Mais ce n'était qu'une rumeur... Pourquoi viendrait il après tout ? C'était se mettre en danger. Shrikan n'avait pas de questions à se poser. Elle avait déjà tellement de choses à régler avec le traitre. La mort de tous les Gardiens, l'humiliation, la trahison de son coeur. Toute sa haine et sa rancoeur étaient au rendez vous, prêtes à se déchaîner. Elle n'était peut être pas la plus forte, la plus expérimenté, mais elle avait du cran et une ténacité hors norme. Elle ne savait pas si elle allait pouvoir survivre à cette bataille, mais se sentait capable de revenir d'entre les morts pour arriver à ses fins et lui trancher la gorge. Qu'il meurt, c'était tout ce qui comptait à ses yeux.

La grande bataille commença. Le clash attendu ne vint pas le premier jours, les exploits de magie devant faire sa belle part pour épuiser l'énergie. Shrikan utilisa sa magie de l'eau avec efficacité, pour contrer ceux de la foudre du gardien. Elle avait en plus comme atout dans sa manche ses esprits de l'eau, de esprits bestiaux qu'elle a dompté et peut invoquer. C'était après tout, sa spécialité. Les premiers jours se ressemblèrent, sans que le moindre gardien traitre ou dieu déchu ne montrent le bout de leur nez. Mais enfin, le Gardien fit son apparition, et Shrikan ne se fit pas prier pour aller à sa rencontre. Le combat fit rage, les dégâts collatéraux importants au point que les armées prirent leur distance. Shrikan était désavantagée par deux choses: son manque d'expérience et sont élément faible face à celui de la Foudre. Mais elle avait la rage au ventre, une ténacité qui lui faisait oublier la douleur, et une armure qui la secondait avec brio. Le combat fut dur, long, le combat dura deux jours. Chacun était soutenu par le pouvoir de son Orbe, par le soutien de leur dieu. Le combat se trouva étonnement équilibré. Shrikan avait acquis plus d'expérience dans le combat que ce qu'elle même pensait, sa rage lui donnant une énergie nouvelle à chaque instant. Elle voulait se venger, faire table rase, éliminer le meurtrier de gens qu'elle appréciait. Personne ne su comment. Ni le Traitre, ni Shrikan. Elle prenait le pas, petit à petit, grignotant du terrain. Certains diront que c'est son habitude à se battre en infériorité numérique, à toujours avoir plus fort que soit en face sur le papier. Son endurance et sa ténacité, d'autres encore une aide providentielle des dieux. La vérité, c'est que lors du combat, elle n'est pas restée sans rien dire, et lui non plus. Elle avait tellement de choses à dire, tellement de peines à lui faire sentir, que ce combat était un règlement de comptes sous toutes ses formes. Le traitre avait été corrompu, il n'était pas mauvais de base. Le discours de la gardienne avait il porté ses fruits ? Quoi qu'il en soit, il perdait, et finis par être vaincu. Mais la Gardienne ne fut pas dans un de ses meilleurs jours. Face à la perte de leur Gardien cependant, l'armée du dieu déchu battit temporairement en retraite. Shrikan, épuisée, revint au campement pour se soigner et reprendre des forces. La Foudre l'avait affaiblie, et elle tomba dans l'inconscience.

Lors de son repose, son esprit rejoignit l'Eden des dieux. Elle y rencontra Habaek, mais aussi d'autres dieux de la Triade. L'heure était grave, car ils confirmaient la présence du dieu déchu sur le champs de bataille, bien qu'il ne se soit pas encore manifesté. Shrikan devait le vaincre, car c'était leur seule occasion de l'approcher d'aussi près. Elle devait le combattre, et le transpercer une seule fois avec une arme spéciale, qui scellera son âme pour toujours. Shrikan n'était pas très confiante envers cette méthode, le premier scellé ne l'ayant pas empêché de se manifester et de corrompre les Haut Dragons et les Archidémons. De plus, elle était loin d'être au niveau d'un dieu de la guerre. Les dieux tentèrent de la rassurer en lui expliquant qu'il était faible dans son corps mortel, et que ses pouvoirs de gardienne et son expérience devraient être suffisant pour au moins une fois le transpercer. Ils lui conférèrent un pouvoir supplémentaire à son armure, qui à son réveil se trouva... changée. Elle était comme entourée d'un halo, d'une aura plus apaisée. Mais Shrikan ne se sentit pas plus rassurée. Le réveil fut dur et elle n'eut pas vraiment l'occasion de réfléchir sur sa position. Le Gardien traitre était mort, mais les Renégats et les Archidémons revenaient à la charge, encore plus agités et sûr d'eux. C'était étrange. Les troupes des coalisés étaient prêt pour l'offensive, leur moral ayant remonté grâce à la chute du traitre. Mais Shrikan n'était pas plus à l'aise pour autant. Elle avait perdu la raison de sa rage, celui qui lui avait fait le plus de mal par ses actions. Mais ce dieu... elle avait du mal à se le rendre aussi désagréable qu'avec le traitre. Une conversation avec Cosbel, qui revenait gaiement avec sa légion pour prendre de ses nouvelles, la remit sur ses rails. Elle lui fit part de ses craintes, et de la présence du dieu Arou. Mais surtout de sa lassitude à combattre. Elle avait perdu... sa rage intérieur, sa motivation. Cosbel ne comprenait pas pourquoi elle ne ressentait aucune véritable animosité contre ce dieu destructeur. Il lui raconta alors la raison pour laquelle il avait intégré les Rebelles. Ce dieu avait petit à petit rendu les Archidémons plus avides de pouvoir, plus fou, faisant fi des codes d'honneur et de la raison. C'est quand il a refusé d'abattre tout une ville avec des innocents, comme des bouchers, qu'il fut exilé et sa famille entièrement décimée. Shrikan pouvait se rapprocher de ce qu'il ressentait. Mais ce que voulait souligner Cosbel, c'était que si personne ne l'arrêtait, ce serait encore des nombreuses victimes, et des peuples entiers décimés et corrompus. Elle fut touchée de voir en lui cette peine et cette colère rentrée, alors qu'il était d'habitude si joyeux et insouciant. Mais elle n'arrivait toujours pas à ressentir cette haine comme elle l'avait ressentit pour le traitre. Il faut dire qu'elle avait prit l'habitude de combattre avec comme énergie ses émotions: tantôt la vengeance, tantôt la rage, tantôt l'instinct de survie, tantôt l'instinct de protéger. C'était d'ailleurs, ce pourquoi tous les Haut Dragons voyaient en elle une folle, un monstre de furie si différent d'eux qui combattaient avec calme et sérénité. Cosbel fut pour elle de bon conseil (pour une fois). Si elle avait besoin d'une raison, d'une émotion forte, d'un sentiment pour combattre avec efficacité, alors qu'elle se reporte à celui de protéger. Il savait qu'elle préférait grandement les races inférieures à celles de la Triade, aussi il réussi à la convaincre qu'éliminer Arou serait réduire grandement le danger de disparition de ces êtres inférieurs. Cette idée lui semblait légitime, aussi doucement mais sûrement elle se sentit de la responsabilité de les protéger, et donc que la disparition du dieu déchu était nécessaire, si ce n'était vital.

D'autres jours se suivirent, sans que le dieu déchu n'arrive. Shrikan rejoignit les rangs des troupes, accompagnant celles de Cosbel pour repousser les Archidémons. Ceux ci reculaient petit à petit, mais une sorte d'espoir, de frénésie les rendait difficile à faire plier. La raison se montra enfin, un beau jour. Le dieu Habaek avait raison, le dieu déchu était bien là. Il fit son entrée, acclamé par ses hordes de fanatiques. Le champs de bataille était électrique, et le dieu déchu répondit à sa réputation. Cet ancien dieu de la guerre, malgré son corps de mortels, était un adversaire redoutable et puissant, maniant le métal de ses armes avec élégance, folie et efficacité. Shrikan lui fit face, son armure modifiée et l'appui spirituel du dieu de l'eau avec elle. Le dieu déchu ne savait pas qu'elle possédait un atout dans sa manche pour le vaincre. Aussi s'amusa t'il avec elle, la combattant plus pour s'amuser et l'humilier qu'avec véritablement l'intention de la tuer de manière rapide et efficace. Comme un chat jouant avec sa proie avant de la dévorer. Shrikan faisait de son mieux pour combattre, survivre et lui porter un coup. Elle manquait clairement d'expérience en combat contre lui, mais elle l'avait l'avantage que l'Eau l'emportait sur le Métal. Le combat fut plus rapide que celui contre le traitre, mais plus intense. Shrikan tait épuisée, mais l'appui de l'Orbe et du dieu Habaek la maintenaient à flot. Elle comprenait pourquoi ce dieu était autant redouté, et se demandait comment elle pouvait bien le battre. Mais s'il ne fallait que le transpercer, alors elle avait peut être une chance.

Ce fut la chance du désespoir qui l'emporta. Alors qu'il venait de baisser sa garde, Shrikan utilisa cette opportunité pour le frapper à son point faible. Manqué. S'en suivit une autre séance de supplice, ses forces s'amenuisant et sa motivation avec. Elle n'arrivait pas, uniquement avec l'idée de vouloir protéger les autres, à se donner suffisamment de rage et de courage pour le contrer de manière efficace. Alors qu'il prenait clairement le dessus, et voyait la fin de ce combat approcher, il voulut la blesser moralement, parlant des Gardiens morts, de sa famille, avec une joie et un plaisir évident. Ces paroles, il allait fortement les regretter. Sentant de nouveau cette rage bouillante la saisir, tel un fauve sortant de sa cage, elle trouva une nouvelle source d'énergie et de motivation. Il allait périr, même si elle devait mourir avec lui. Cette nouvelle rage, qu'il cru au début synonyme d'attaques désordonnées et directes, fut employée à bon essient. Plus rapide et précise, elle avait surprit le dieu en reprenant du poil de la bête. Cette surprise provoqua une nouvelle ouverture dans sa garde, qu'elle fut plus rapide à pénétrer. Enfin, la lame de son arme transperça la chair du dieu, qui se figea de surprise. il voulu riposter, mais c'était comme si son corps était paralysé de douleur, crispé dans un étau dont il ne pouvait se défaire. Petit à petit, on put voir des symboles se dessiner sur son corps, et celui ci tomber lentement en lambeau, comme s'il devenait poussière. Dans ses derniers moment, le dieu jura une fois de plus vengeance, lui promettant mille souffrance à elle et son entourage. Ses paroles la mirent encore plus en colère, et une pulsion étrange la prit. comme si une bête sauvage voulait le dévorer pour le faire taire, le déchiqueter de ses propres crocs pour le réduire au silence et à l'impuissance. Et c'est ce qu'elle fit, sans s'en rendre compte. Alors que le corps disparaissait pour laisser l'âme du dieu en suspension dans l'air, elle s'en saisit pour... la dévorer. Elle l'avala, l'âme disparaissant en elle. Elle se mit à trembler, son corps la faisant souffrir le martyr, puis elle tomba, convulsant. C'était finis.

Pendant la grande bataille, le duel entre Shrikan et le dieu déchu avait captivé l'ensemble des forces présentes, comme si ce seul combat allait tout déterminer. Au début ce fut dans la joie et le triomphe pour les fanatiques d'Arou, puis l'effroi quand ils virent leur dieu vancu. Mais le pire fut de voir Shrikan dévorer l'ame du dieu. Tout le monde le vit, avec un fort sentiment d'incompréhension, presque de sentiment d'une action impie et barbare. Mais quant ce fut finis, et que le dieu ne revenait réellement pas de sa déchéance, ce fut la victoire des coalisés. L'armée des Renégats et des Archidémons prit la fuite, se répandant dans différents mondes. L'armée des coalisés se scinda en plusieurs contingents pour poursuivre l'armée en fuite et rendre la société des Archidémons contrôlées. Ce fut notamment la mission des Archidémons Rebelles, qui rentrèrent chez eux. Cosbel, malheureusement, ne fut pas de ce nombre, ayant péri pendant la bataille. Cette après guerre dura plus d'une centaine d'année, aussi ce n'est qu'en l'An 4389 que la guerre prit officieusement fin. La plupart des Renégats et des Archidémons partisans d'Arou avait été détruit, mise en fuite ou dissous. Shrikan elle, eut un sort différent. Son corps avait été mis à rude épreuve lors de la grande bataille, et elle resta quelques années dans le coma. Sa victoire, et celle de la Triade, fut fêtée sans elle, mais en échange de ses services elle fut au moins bien traitée, du moins avec respect, pendant son long sommeil. On ne savait que faire de son corps, car il était sujet à beaucoup de questions. Même si toutes ses blessures avaient guéris, elle avait de fréquentes crises de spasmes, de la fièvre, ses veines qui se coloraient d'un violet sombre. D'autres fois, elle était aussi calme, voir aussi pâle que la mort. Les Haut Dragons du Temple de l'Eau demandèrent conseil auprès du dieu, car ils craignaient que le dieu déchu ne revienne en prenant possession du corps de la gardienne. Celle ci ayant mangé son âme avant que le scellé soit complété, on ne savait à quoi s'attendre. Les dieux eux même étaient perplexes. Ils avaient peur de ce que le dieu déchu pouvait revenir, mais tuer la gardienne ne résoudrait en rien leur problème. Habaek, qui conservait un lien spirituel avec Shrikan, voyait bien qu'elle luttait contre l'âme du dieu. Il ne pouvait y avoir qu'une seule âme dans ce corps, aussi l'un devait l'emporter sur l'autre, dévorant l'autre entité pour survivre et devenir plus complet. Mais personne en savait quand cela allait basculer en la faveur d'une ou l'autre des âmes. Pourtant un jour, Shrikan se réveilla. C'était comme si elle sortait d'une très longue torpeur, mais en rien reposante. Son corps lui paraissait... si fragile, si faible. Elle était elle même, mais en même temps... différente. Son âme l'avait remporté sur celui du dieu, et elle l'avait intégré à la sienne. Elle n'aurait put dire comment, ni pourquoi. Tout ce qui lui faisait croire ceci, c'était cette sorte de compréhension qu'elle avait en pensant au dieu déchu. Comme si au fond d'elle même, elle avait acquis une connaissance qui la rendait plus paisible, plus charitable envers ce dieu. Elle le comprenait, avait de la compassion pour lui, mais condamnait tout de même ses actions et les choix qu'il avait fait. A son réveil, les Haut Dragons demandèrent de suite une audience avec les dieux pour vérifier qu'elle n'était pas possédée. Ce qu'il firent, et ils confirmèrent que le dieu Arou n'était plus. Mais l'âme de Shrikan, n'était plus vraiment la même. Les dieux ne dirent rien pour préoccuper les mortels, mais ils savaient qu'ils devaient garder une certaine surveillance sur la gardienne.

Enfin réveillée, on la félicita sur sa victoire et on lui apprit les différentes nouvelles. Elle fut fortement attristée de la mort de Cosbel, ayant espéré pouvoir fêter leur victoire ensemble. Mais son coeur avait, avec le temps, si bien durci et glacé, qu'il ne se déchira pas autant que pour ses deux premiers amours. Elle s'en remit bien vite, pensant à autre chose. D'ailleurs, elle avait bien d'autres choses à faire. Maintenant que la guerre était finie, il fallait retourner à ses missiosn premières et réparer les dégâts. Pendant que les nouveaux gardiens étaient formés et choisis, elle continua quelques années d'errances, à poursuivre comme à son habitude des Renégats et des Archidémons partisans d'Arou. Continuer à travailler en solitaire était son choix, car elle ne sentait pas prête à retrouver une vie sociale, surtout avec les Haut Dragons. Toujours traumatisée par leur premier accueil, elle ne souhaitait en rien empirer les choses en ayant de faux espoirs. Elle voulait continuer ce qu'elle faisait bien pour le moment : traquer et tuer, avec rapidité et efficacité, en solo. Sa victoire sur le dieu Arou prit de l'ampleur, bientôt des surnoms et des chansons, plus ou moins sympathiques, se créèrent. On la surnommait Tueuse de Dieux à présent, voir la Dévoreuse. Quelques chansons étaient à sa gloire, mais certaines dépeignaient surtout l'horreur de ses actes sur le champs de bataille. Dévorer une âme était très mal vu, et sa rage de se battre en avait choqué plus d'un. Monstre parmi les Monstres, c'était l'image qui se faisait d'elle et qui tournait avec facilité. Il y avait certes du respect envers ses accomplissements, mais aussi voilé, à demi-mots devant elle, un certain dégoût, et une crainte évidente. Raison de plus pour rester loin d'eux. Mais l'autre raison était les effets secondaires de son acte inconsidéré. L'âme du dieu, n'était pas vraiment faite pour un corps de mortel, aussi puissant que celui d'un Haut Dragon. Sa magie devenait instable, puissante et incontrôlée, comme sans son armure Cerillion avant. Son attachement aux esprits bestiaux se fit fort, voyant les esprits avec plus de facilité et interagissant avec eux avec plus de fréquence. Son corps se rebellait aussi contre elle, des crises suite à l'utilisation de sa magie lui provoquant des hémoragies internes, et elle tombait dans l'inconscience souvent. Les dieux durent sceller en partie ses pouvoirs, afin de calmer les choses. Ils ne savaient pas comment cette âme, ayant intégrée celle d'un dieu, allait encore évoluer. Les hypothèses étaient multiples. Certains dieux pensaient que son corps n'allait aps durer. D'autres disaient qu'il lui fallait un corps non organique pour survivre, d'autres un corps de dieu pour qu'elle se stabilise. Mais la faire venir dans l'Eden des dieux était pour le moment impossible, et non envisageable.

Les années passèrent, et sa réputation grandit. Elle avait acquis d'autant plus d'expérience dans le combat lors de la grande bataille et ses errances que ce que bon nombre de membres de la Triade avaient acquis dans toute leur longue vie. Elle devenait légende, mais une légende crainte car trop différente, et ayant dévoré un dieu. Elle rejoignit les nouveaux Gardiens, mais de nouveau une certaine distance se créait. Elle n'arrivait pas à changer la perception des autres sur elle, même des Haut Dragons. Bien qu'elle tenta de faire profil bas, obéissant pour les missions avec zèle afin de se rendre plus accessible, elle n'eut pas le résultat escompté. Sa volonté de se sociabiliser de nouveau ne porta pas ses fruits, et le peu de personnes qu'elle avait bien connu étaient morts pendant la guerre, ou disparus. Plusieurs de ses suiveurs, dont l'Intendant Gahiji, avaient disparu sans laisser de traces. Elle se retrouvait donc, malgré ses effort, une fois de plus à la case départ. Intégrée dans le processus, mais à la fois paria et non incluse. Elle laissa les choses couler, pendant un certains temps, se résignant à cette solitude et se réconfortant par la proximité plus aisée avec les espèces inférieures, qui ne connaissaient pas sa condition, lors de ses visites dans différents mondes. Mais tout changea lors d'une mission, qui était sensé être une mission de routine. En 4567, elle accompagna seule une troupe qui était chargée de coloniser un monde pour les Haut Dragons. Il y avait de la résistance de la part de la "Faune" locale, aussi sa présence était requise. Elle ne voyait pas en quoi cela serait utile, mais comprit une fois sur place pourquoi. La "Faune" considérée, était tout simplement des espèces évoluées (des humains et des elfes principalements), qui refusaient de se plier aux exigeances des Haut Dragons, et devaient être éradiqués. Shrikan fut choquée par cette décision radicale, et demanda des explications. Ces êtres n'étaient pas des animaux, et faisaient parti de ce monde bien plus que les Haut Dragons. Pourquoi leur enlever cette légitimité d'existance, simplement parce qu'ils refusaient de courber l'échine et les aduler ? Une nouvelle incompréhension entre les troupes et Shrikan, qui eux voyaient ce génocide comme une chose tout à fait normale et banale. Cette fois ci, Shrikan sembla se réveiller d'un cauchemard. La distance qu'ils mettaient tous avec elle, elle le comprenait à présent, et se rendait compte du gouffre qui les séparait. Elle n'avait jamais été à leur yeux qu'un "animal", une chose à utiliser, et dont on petu disposer comme ces pauvres natifs. La désillusion fut profonde, tout comme sa colère. Elle tempêta, voulu empêcher les Haut Dragons d'effecteur leur basse besogne. Ils s'emportèrent, et Shrikan du prendre parti: celui de la Triade, ou bien celui de ces animaux. La question ne se posa même pas pour Shrikan, qui fit rouler la tête du chef de la troupe sur le sol. S'en suivit un terrible combat, ou plutôt un massacre. Shrikan était Gardienne, avec de l'expérience au combat, et véritablement furieuse. C'était pleine de colère qu'elle tua toute la patrouille, dont seuls quelques uns réussirent à s'enfuir pour rejoindre le Cité principale des Haut Dragons. Shrikan les suivit peu après, ayant des comptes à régler avec le Temple et les dieux sur cette affaire.

Revenue de ce massacre, elle était attendue par un accueil plus que glacial. Les survivants avaient prévenus le Temple, qui demanda des explications à Shrikan. Mais celle ci, ne supportant plus leur comportement et leurs cachotteries, leur dit leurs quatre vérités en face. Elle trouvait inadmissible un tel comportement, quand les forts devaient protéger les faibles, et qu'ils n'étaient pas mieux que les Renégats et les Archidémons d'Arou. L'insulte était de taille, mais ils semblaient de glace, comme s'ils avaient déjà prévu cette conversation. Elle ne s'en départit pas, leur demandant aussi des explications sur leur silence à ce sujet. Il restèrent muet un instant, puis répliquèrent froidement. Son attitude à elle était véritablement, selon eux, l'insulte envers l'ordre des Gardiens et les Dieux. Se retourner contre ceux qu'elle a protégé, qui l'ont tolérés malgré son origine impure. Elle avait failli à ses devoirs par ce massacre, et les familles des Haut Dragons tués demandaient réparation contre la Gardienne. Mais pour les services rendus envers la Triade, ils acceptaient de fermer les yeux sur cet incident, à condition qu'elle rentre de nouveau dans les rangs, et qu'elle fasse ce qu'elle était sensée faire: protéger les intérêts de la Triade, et communiquer la volonté des Dieux. Shrikan n'en croyait pas ses oreilles. elle était blême d'indignation, et de rage. Comment avait elle put se laisser mener ainsi, se faire utiliser par ces êtres infâmes ? Devant le silence de Shrikan, ils lui demandèrent de retourner dans ses appartements et de réfléchir à leur proposition, ainsi qu'à ce qu'elle avait commis comme crime. Mais sa réponse à elle fut plus radicale. Elle partit, mais non en direction de ses appartements, mais d'un autre monde. Elle disparu ainsi des radars pendant quelques années, mais après maintes recherches, ils la retrouvèrent et tentèrent un nouveau dialogue. Tout ce qu'ils reçurent, ce fut une attaque en bonne et dû forme de leur délégation. Ainsi, après parlementations avec le dieu de l'Eau Habaek, Shrikan Tatsu fut accusée pour meurtres et haute trahison, et déchue de son titre de Gardienne de l'Eau en l'An 4572.

Shrikan fuyait dans d'autres mondes, se chargeant de protéger les natifs contre les invasions colonisatrices de la Triade. Elle eut une conversation avec le dieu Habaek, qui tenta de la raisonner. Mais c'était sans espoir. Il lui fit comprendre les conséquences de ses actes, et qu'il ne pouvait appuyer son parti pris, même s'il pouvait comprendre sa compassion pour les espèces faibles. Shrikan resta sur sa décision, et le dieu tint parole. Il sépara la Gardienne de son lien avec l'Orbe de l'Eau, dépréciant ainsi son potentiel de pouvoir. Sauf qu'avec son âme fusionnée avec celle du dieu déchu, sa magie ne s'en retrouva que plus stabilisée. Moins de magie chaotique, plus de contrôle et de précision. Elle n'était plus capable à présent d'utiliser les merveilleux sorts monstrueux qu'un Gardien pouvait, mais elle conservait sa maitrise et seule son endurance pure de magie s'en trouvait affectée. Elle modifia un peu sa méthode de combat, utilisant ses armes et l'invocation de ses bêtes magiques pour combattre. Quant à son armure, là dessus il y eut un soucis. On ne sait si cela était à cause de sa relation presque symbiotique, ou le fait qu'elle la portait presque tout le temps, ou que son esprit était très lié à celui de l'armure... Quoiqu'il en soit, il fut impossible à Habaek de lui retirer l'armure de l'Orbe, qui semblait avoir acquis une volonté propre, et décidée que son maitre resterait Shrikan. Peu importe après tout, il était facile d'en créer une nouvelle pour le nouveau Gardien... Shrikan continua de fuir et de mener sa guérilla contre la Triade. Bientôt elle fut pourchassée par les nouveaux Gardiens. Mais ceux ci, peu rompus encore à la guerre en milieu inconnu et hostile, n'arrivèrent pas facilement à la capturer. Aussi glissante qu'une anguille, disparaissant de la circulation pour réapparaitre en grand fracas dans un autre monde, elle faisait son chemin et réussit à mettre en garde les membres de la Triade contre leur comportement envers les races plus faibles. Ils avaient peur, et savaient que l'ancienne gardienne, la tueuse et dévoreuse de dieu, faisait justice elle même.

Cependant, la course poursuite prit bien fin un jour. En 4598, Shrikan fut enfin capturée, un piège tendu par quelques Gardiens ainsi que les troupes de la Triade. Elle ne fut pas tuée, mais scellée temporairement et amenée en justice. Il y avait plusieurs raisons qui faisaient qu'ils ne l'avaient pas tué. Premièrement, elle était pire qu'un fauve en cage, et vouloir la tuer était périlleux. Deuxièmement, elle avait une représentation symbolique, étant celle qui a réglé le conflit avec le dieu déchu. Mais elle avait aussi rassemblé petit à petit, sans quelle le sache, quelques partisans de la Triade, qui souhaitaient des traitements plus pacifiques envers les autochtones. Dernière chose, ils ne savaient ce qu'il allait advenir s'ils la tuaient, étant donné que son âme avait fusionnée avec celle du dieu déchu. Allait elle se transformer en dieu, et libérer ainsi toute sa colère sur eux ? Elle fut scellée et emprisonnée, le temps que son jugement soit mis à jour. Son procès commença un an après, mais tout était orchestré de manière à ce que la trahison soit mise en avant. Shrikan avait tout de même des soutients, qui trouvèrent des preuves et des arguments pour la défendre. Le procès dura deux ans, ses quelques partisans disparaissant peu à peu sans laisser de traces. De son côté, Shrikan ne se faisait aucune illusion. Elle allait être condamnée, sans pouvoir véritablement avoir gain de cause. Elle n'essayait pas de fuir, étant lasse de courir. Elle était en colère, très en colère. Autant contre les Haut Dragons pour l'avoir traité avec dédain pour son origine, pour leurs mensonges sur leurs véritables états d'âmes, pour l'avoir utilisée sans sourciller comme une arme vivante. Mais elle était aussi en colère contre elle même, peinée de ne pas avoir eu plus de clairvoyance pour discerner le vrai du faux. Si elle avait su, elle ne les aurait pas aidé. Elle les détestait, tous ces dragons, ces gens de la Triade. Elle se sentait trahie, humiliée, lasse, peinée au plus profond d'elle même. Tantôt elle souhaitait se venger, tantôt elle voulait juste se laisser mourir. Ses sauts d'humeurs empiraient, rendant son emprisonnement difficile pour ses geoliers. En 4601, le verdict tomba enfin. Elle était coupable, mais exemptée de la peine de mort pour ses services et sa "gloire" passée. Cependant, elle était bannie, exilée dans une terre lointaine jusqu'à sa mort. Cela lui convenait parfaitement. Pourvu que le monde soit le plus éloigné possible, sans leur présence infâme, pour qu'elle puisse enfin trouver la paix. Cependant, les choses n'étaient pas ainsi sur Abyndal....